Le premier tour des élections législatives a eu lieu en France le dimanche 30 juin 2024 et les sondages à la sortie des urnes/premiers résultats confirment ce que suggéraient les sondages d'opinion.
Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et ses alliés ont remporté le plus de voix (environ 34 %), suivis par l'alliance d'extrême gauche Nouveau Front populaire (NPF) en deuxième position (environ 29 %) et le parti Ensemble centriste du président Macron en troisième (20 %).
Le premier tour devait décider quels candidats passeraient au second tour dans chacune des 577 circonscriptions. Seuls les candidats ayant obtenu plus de 12,5 % des voix au premier tour sont qualifiés pour passer au second tour, et ceux ayant obtenu plus de 50 % des voix sont automatiquement élus.
Les premières projections de sièges d'Ipsos suggèrent que le RN remportera entre 230 et 280 sièges, soit un peu moins que les 289 nécessaires pour obtenir une majorité. Le NPF devrait gagner entre 125 et 165 sièges et Ensemble, entre 70 et 100 sièges. Il convient de noter que de telles projections sont, au mieux, hasardeuses et incertaines.
Il n’est pas sûr qu’un parti obtienne la majorité parlementaire, d’autant plus que le Président a appelé l’électorat à bloquer le parti d’extrême droite RN. Par ailleurs, Jean-Luc Mélenchon (leader de l'alliance NPF) a demandé à ses candidats arrivés troisièmes dans les circonscriptions dirigées par le RN de se retirer (afin de bloquer le RN, en contribuant à faire basculer les votes du second tour dans ces circonscriptions vers des non-partis RN, plutôt que de diviser le vote anti-RN entre candidats centristes et candidats de gauche).
Le second tour aura lieu le dimanche 7 juillet et l'issue est loin d'être claire. Dans le tableau ci-dessous, nous envisageons trois scénarios possibles. Une majorité d'extrême droite, une majorité d'extrême gauche et une solution administrative temporaire, telle que la nomination d'un gouvernement technocratique, ou bien un cabinet de continuité (un gouvernement doit être formé à partir du nouveau parlement car il ne peut plus y avoir d'autres élections pour les 12 prochains mois au moins).
Nous pensons que cette dernière solution est la plus probable et pensons que ce serait le résultat le plus rassurant pour les marchés financiers et déclencherait un léger rebond de soulagement. Les gouvernements d’extrême droite et d’extrême gauche augmenteraient probablement le déficit budgétaire déjà important et aggraveraient les relations avec l’UE.
Le soulagement pourrait toutefois être de courte durée, car Marine Le Pen semble avoir de bonnes chances d'être élue présidente à la mi-2027, soutenue par un gouvernement d'extrême droite. En outre, si un gouvernement de continuité ou technocratique est entravé par un RN fort ou s’il est empêché de se rendre redevable au NFP, le président Macron peut dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections anticipées après un an. Un scénario discuté dans certains milieux politiques. L’incertitude ne sera peut-être pas résolue rapidement. Bien sûr, beaucoup de choses peuvent changer en trois ans, mais pour l’instant tous les regards sont tournés vers le second tour, le 7 juillet.