Marchés et économie

Décembre, un mois mémorable pour l'économie mondiale

Décembre, un mois mémorable pour l'économie mondiale
Points importants à retenir
Économie mondiale
1

Les changements apportés par la Chine à sa politique de lutte contre la COVID, les réunions des banques centrales et les anticipations d’inflation promettent de faire de décembre un mois mémorable pour l'économie mondiale.

Marchés boursiers
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Pour les marchés, décembre a souvent été un bon mois pour les actifs à risque, d’où l’expression « redressement boursier du temps des fêtes » pour décrire les remontées de la fin décembre.

Réserve fédérale américaine
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Par contre, cette année, les marchés ont été grandement influencés par la Fed et les avertissements concernant les bénéfices des sociétés risquent d’exercer des pressions à la baisse sur les cours boursiers.

Le mois de décembre s’annonce comme un mois capital pour l'économie et les marchés mondiaux. Voici quelques-unes des raisons qui me font dire ça :

1.    Réunion de la Banque du Canada. Comme la Banque du Canada a été la première à réduire les hausses de taux, il serait bon de garder un œil sur elle. De plus, le Canada doit relever sensiblement les mêmes défis que l’économie américaine et doit composer avec un marché du travail tendu et une forte croissance des salaires; il a également couru le risque de trop ralentir son économie en raison de son cycle de hausse des taux « rapide et dangereux ». À l’instar de la courbe des taux américains, la courbe des taux canadiens s’est fortement inversée. La Banque du Canada prévoyait initialement relever ses taux de 50 points de base à sa réunion de décembre, mais il est de plus en plus probable qu’elle se contente d’une hausse de 25 points de base. À mon avis, une hausse de 25 points de base est plus probable et réduirait la pression sur l’économie canadienne, en plus de donner le ton aux autres banques centrales qui veulent revenir à des hausses de taux plus normales.

2.    Changements apportés par la Chine à sa politique de lutte contre la COVID. La Chine apporte des modifications significatives et positives à ses mesures de lutte contre la COVID. La semaine dernière, la Chine a annoncé une nouvelle initiative visant à encourager la vaccination accrue des personnes âgées et vient d’assouplir ses exigences en matière de tests COVID dans certaines grandes villes. Cette nouvelle a été très bien accueillie par les investisseurs et a fait grimper les cours des actions chinoises. De plus, nous avons appris que la Chine pourrait annoncer cette semaine un nouvel ensemble de mesures nationales de lutte contre la COVID moins strictes qui pourraient être stimulantes pour l’économie, ce qui devrait donner un coup de pouce supplémentaire aux actions chinoises.

3.    Cible de croissance de la Chine. Les hauts dirigeants politiques chinois se réuniront à la mi‑décembre pour la Conférence centrale sur le travail économique (CEWC) afin de convenir des politiques économiques clés pour l’année à venir. Tous les yeux seront rivés sur l’objectif de croissance fixé pour 2023, plus précisément pour savoir si l’objectif sera de 5 % ou plus. Je m’attends à ce qu’il soit de 5 % ou plus et que les dirigeants adoptent des politiques budgétaires pour aider la Chine à atteindre cet objectif. De plus, la Banque populaire de Chine vient de réduire le coefficient de réserves-encaisse et je m’attends à ce que le pays maintienne ses politiques de soutien. Cela pourrait ouvrir la voie à une croissance économique beaucoup plus forte en 2023.

4.    Indice Tankan. Cet indice nous aide à prendre la température du secteur manufacturier japonais; on s’attend à ce que les prochaines données, qui seront rendues publiques le 14 décembre, montrent que les conditions se sont améliorées depuis le trimestre précédent. Or, certaines des plus récentes statistiques économiques du Japon, comme les ventes au détail, ont déçu. Si l’indice Tankan déçoit, cela pourrait laisser présager des perspectives moins reluisantes pour l’économie japonaise et nuire aux actions japonaises à court terme, malgré les efforts de la banque centrale pour soutenir l’économie.

5.    Mesures de lutte contre l’inflation aux États-Unis. Je surveille en particulier l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’indice des prix à la production (IPP) des États-Unis, ainsi que les anticipations d’inflation préliminaires de l’Université du Michigan. Même si je suis persuadée qu’une hausse des taux de 50 points de base en décembre est presque un « fait accompli », il y a une faible probabilité que la Réserve fédérale américaine (Fed) procède plutôt à une hausse de 75 points de base. Je ne crois pas que la plus forte croissance des salaires qui ressort du rapport sur l’emploi de la semaine dernière suffira à elle seule à justifier une hausse de taux plus élevée mais, si elle s’accompagne d’une inflation ou d’anticipations d’inflation plus élevées que prévu, cela pourrait faire changer d’avis la Fed. Rappelons qu’en juin, la Fed avait annoncé qu’elle n’augmenterait ses taux que de 50 points de base. Or, quelques jours seulement avant l’annonce des taux, l’IPC et les anticipations d’inflation de l’Université du Michigan étaient plus élevés que prévu et la Fed y est allée d’une hausse de 75 points de base. Par conséquent, on peut penser que les prochaines statistiques ont une mince chance d’influencer la décision de la Fed en décembre, mais il est fort probable qu’elles ne feront qu’attiser la volatilité des marchés.

6.    Federal Open Market Committee. Les projections économiques du FOMC et la conférence de presse qui les accompagnent sont prévues pour le 14 décembre. En bout de ligne, les marchés ne vont pas se concentrer sur la hausse des taux de décembre, mais plutôt sur le taux final et sur le moment où la Fed appuiera sur le bouton « pause », car ce sont ces données qui vont dicter les rendements boursiers et le moment où une reprise économique deviendra possible. Justement, la conférence de presse du FOMC et le « dot plot » vont nous donner une meilleure idée de la situation.

7.    Banque centrale européenne (BCE). L’inflation semble avoir plafonné dans la zone euro, ce qui fait augmenter la probabilité que la BCE revienne à une hausse de 50 points de base à sa réunion du 15 décembre. Cependant, lors d’une récente conférence, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, n’était pas d’accord pour dire que l’inflation avait plafonné et a prévenu du danger de laisser les anticipations d’inflation se désancrer, ce qui porte à croire qu’elle va préconiser une approche plus belliciste pour renforcer la crédibilité de la BCE.

Vigie des marchés

Décembre a souvent été un bon mois pour les actifs à risque, d’où l’expression « redressement boursier du temps des fêtes » pour décrire les remontées de la fin décembre. C’est le troisième meilleur mois pour l’indice S&P 500 (depuis 1950) et l’indice composé NASDAQ (depuis 1971) et le deuxième meilleur mois pour l’indice Russell 2000 depuis 1979.1 Les marchés boursiers internationaux ont eux aussi participé aux redressements boursiers du temps des fêtes. À preuve, le rendement mensuel moyen de l’indice FTSE 100 pour le mois de décembre est de 2,55 %, le rendement moyen de l’indice MSCI Marchés émergents est de 3,18 %, celui de l’indice MSCI EAEO est de 2,34 % et celui de l’indice Hang Seng est de 1,79 %.2

Or, cette année, les marchés ont été grandement influencés par la Fed et les autres banques centrales en raison du resserrement sans précédent de leur politique monétaire; je m’attends donc à ce que ces banques centrales continuent d’avoir une incidence démesurée sur les marchés boursiers en décembre. De plus, les révisions des bénéfices risquent d’exercer des pressions à la baisse sur les cours boursiers. Par conséquent, je m’attends à ce que le mois de décembre soit très volatil, avec une légère tendance à la hausse, si l’on se fie aux tendances historiques. Je soupçonne que décembre sera un mois mémorable pour l’économie mondiale et les marchés boursiers, à l’aube de 2023.

Notes de bas de page

  • 1

    Source : The Stock Trader’s Almanac 2023, Jeffrey Hirsch et Christopher Mistal

  • 2

    Source : Bloomberg, L.P., de 1990 à 2021