Que s’est-il passé?
Le Federal Open Market Committee (FOMC) a publié une déclaration à la suite de sa réunion de février et le président du conseil de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jay Powell, a tenu sa conférence de presse régulière après la réunion.
La Fed a relevé les taux de 25 points de base (à l’issue d’un vote unanime). Cependant, le ton de son annonce était quelque peu belliciste, notamment, du fait que le libellé « d’autres hausses de taux » a été laissé dans l'annonce. Voici quelques extraits clés de l'annonce :
« Le taux d'inflation a diminué quelque peu, mais demeure élevé. »
« Le Comité est très attentif aux risques d'inflation. »
« Le Comité prévoit que d’autres hausses de taux seront nécessaires pour ramener l’inflation dans la fourchette cible... »
Un signe d’adoucissement dans cette annonce, qui nous indique que la fin du resserrement de la Fed est proche, est que la Fed a remplacé « Pour déterminer le rythme des prochaines hausses de taux pour ramener l’inflation dans la fourchette cible, le Comité prendra en considération le resserrement cumulatif de la politique monétaire, le décalage avec lequel la politique monétaire se reflétera sur l’activité économique et l’inflation… » par « Pour déterminer l’ampleur des prochaines hausses de taux pour ramener l’inflation dans la fourchette cible, le Comité prendra en considération le resserrement cumulatif de la politique monétaire, le décalage avec lequel la politique monétaire se reflétera sur l’activité économique et l’inflation… »
Le ton de la conférence de presse du président du conseil, Jay Powell, était plus conciliant. Il a déclaré que le processus de désinflation est amorcé. Il n’a pas dit un non catégorique lorsqu’on lui a demandé si le « dot plot » de décembre était toujours valable en ce qui concerne le taux final prévu des fonds fédéraux. Et il a fait de même lorsqu’on lui a demandé s’il était préoccupé par l’assouplissement des conditions financières. Au lieu de répondre, il a déclaré que les conditions financières n’avaient pas beaucoup changé depuis décembre.
Il a dit qu’il ne se concentrait pas sur l’évolution des conditions financières à court terme, mais plutôt sur les « changements durables des conditions financières » et que les conditions financières se sont beaucoup resserrées sur une période plus longue. Il a ajouté que la politique monétaire n’est pas encore assez restrictive et que la Fed prévoit procéder à d’autres hausses de taux.
Comment les marchés ont-ils réagi? Comment voyons-nous la situation?
Les marchés sont devenus plus « favorables aux titres risqués » à mesure que la conférence de presse du FOMC se déroulait. Les actions se sont redressées et le NASDAQ a devancé les autres principaux indices. Les taux obligataires ont baissé. Le dollar américain s’est déprécié.
De toute évidence, les marchés s’attendent à ce que la Fed marque bientôt une pause dans son cycle de resserrement.
Quelles sont nos impressions de la situation?
Nous croyons que le cycle de resserrement de la Fed tire à sa fin et qu’il y aura probablement une ou deux autres hausses de taux de 25 points de base avant que la Fed n’appuie sur le « bouton pause ». Elle pourrait même copier une page du livre de jeu de la Banque du Canada et instituer une « pause conditionnelle » accompagnée d’un avertissement clair disant que d’autres hausses de taux auront lieu si les statistiques économiques ne sont pas satisfaisantes; cela suffira peut-être à apaiser les craintes des faucons de la Fed, qui craignent qu’elle mette fin trop tôt au resserrement.
En conséquence, quelles sont nos perspectives de placement?
Nous anticipons une certaine volatilité à court terme, mais nous nous attendons aussi à un regain d’appétit pour le risque à l’échelle mondiale, parce que les marchés vont réévaluer positivement les risques de récession et éventuellement attendre et anticiper une reprise économique qui pourrait débuter dès la fin de cette année.
En effet, les analystes prévoient déjà des révisions à la hausse des prévisions de croissance mondiale, car la Chine a amorcé plus tôt et plus rapidement que prévu la réouverture de son économie et l’Europe occidentale semble connaître une croissance inflationniste, plutôt qu’une stagflation ou une récession comme on le craignait auparavant.
Le ton accommodant de la Fed, la reprise économique mondiale et le resserrement de la politique monétaire des autres grandes banques centrales risquent fort d’accentuer la dépréciation du dollar américain, ce qui devrait par le fait même stimuler la croissance mondiale et les actifs à risque aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Qu’allons-nous surveiller? Quels sont les risques associés à nos perspectives de placement?
Le risque est que la trajectoire de modération de l’inflation ne soit pas suffisamment satisfaisante pour que la Fed appuie bientôt sur le « bouton pause » et que les hausses de taux se poursuivent pendant un certain temps encore. (On pourrait donc assister à une alternance entre les pauses et les hausses de taux au fil des réunions, tel que mentionné dans la conférence de presse). Un cycle de resserrement prolongé augmenterait les risques de récession et retarderait la reprise économique. Pareille conjoncture favoriserait un positionnement défensif.