Le marché du crédit privé a continué de croître en 2025 et a généré de solides rendements. Les investisseurs peuvent-ils s’attendre à une année 2026 du même cru ? Nous avons demandé à nos experts leurs prévisions dans trois domaines centraux du marché du crédit privé : les prêts seniors garantis et les obligations structurées adossées à des prêts bancaires, les prêts directs, le crédit en difficulté et les situations spéciales. Ils partageaient tous le même avis sur un point particulier : il est, selon eux, possible de trouver des rendements ajustés en fonction du risque attractifs.
Prêts seniors garantis et obligations structurées adossées à des prêts bancaires : 2026 pourrait être l’année des opportunités
Kevin Egan, gérant de portefeuille senior et co-directeur de la recherche crédit, et
Michael Craig, gérant de portefeuille senior et directeur des prêts senior européens
Nous prévoyons une nouvelle année de rendements supérieurs à la moyenne sur le marché des prêts syndiqués. Tout comme notre équipe Strategy & Insights dans ses perspectives d’investissement annuelles 2026, nous constatons globalement un environnement de risque faible, une baisse de l’inflation et un basculement de la politique monétaire américaine vers des taux d’intérêt plus favorables. Historiquement, on note que les prêts restent des investissements stables pendant les cycles d’assouplissement, hors chocs exogènes comme la COVID, ce qui en fait d’excellents titres de participation de base, quelles que soient, à de rares exceptions près, les conditions du marché. La baisse des taux devrait conduire à une réduction de la charge d’intérêt des émetteurs, à un renforcement des fondamentaux et à une atténuation du risque de défaut. Même si les taux directeurs redescendent pour s’établir à l’objectif actuellement anticipé de 3 % aux États-Unis et de 2 % dans l’UE, nous pensons que les coupons vont vraisemblablement rester au-dessus des moyennes historiques. Le potentiel de revenu devrait ainsi être préservé.
Dans l’ensemble, le marché des prêts syndiqués a encaissé sans grande difficulté la volatilité liée aux droits de douane. Quant aux investisseurs, ils continuent de se tourner vers les crédits défensifs de haute qualité. Même si certaines défaillances mettent en lumière l’importance de sélectionner rigoureusement les crédits, celles-ci semblent davantage être des cas isolés plutôt que le reflet de problèmes systémiques. Malgré des sorties de capitaux temporaires, l’appétit des investisseurs reste intact et nos perspectives concernant les prêts sont positives. Dans l’ensemble, nous pensons que les prêts pourraient rester une source intéressante de revenus stables et de rendements ajustés en fonction du risque attractifs en 2026.
Prêts directs : les baisses successives des taux de la Réserve fédérale pourraient relancer la dynamique du marché
Ron Kantowitz, directeur général, Invesco Senior Secured Management
Le marché des prêts directs commencera l’année 2026 sur une touche d’optimisme prudent. Malgré un volume de transactions mitigé en 2025, les rendements globaux restent attractifs, en particulier sur le marché intermédiaire « core ». L’écart persistant entre les attentes des acheteurs et des vendeurs, amplifié par l’incertitude macroéconomique, a continué d’entraver la conclusion de nouvelles transactions financées par sponsors. Cependant, l’activité de refinancement, les acquisitions complémentaires et les déploiements croissants de capitaux ont permis de maintenir un flux de transactions stable. Par ailleurs, les futures baisses de taux de la Réserve fédérale, si elles se concrétisent, auraient pour effet de réduire les coûts d’emprunt et de relancer les transactions.
Compte tenu de la masse des capitaux encore non investis par les sociétés de capital-investissement et des sociétés en portefeuille sur le point d’être cédées, nous anticipons une hausse significative du volume des transactions une fois les marchés stabilisés.
Alors que la situation commence à s’éclaircir au sujet des taux d’intérêt, du risque de récession et des tensions mondiales, il s’avère que les prêts directs sont bien positionnés pour capitaliser sur le regain d’activité des sponsors et pour générer des rendements ajustés en fonction du risque attractifs.
Crédit en difficulté et situations spéciales : l’éventail des opportunités s’élargit
Paul Triggiani, Directeur de la gestion du crédit en difficulté (distressed credit) et des situations spéciales
L’incertitude macroéconomique persistante à l’échelle mondiale, l’évolution de la politique budgétaire et monétaire américaine et les premiers signes de volatilité sur des marchés du crédit en tension laissent penser que 2026 pourrait offrir davantage d’opportunités dans des situations d’investissement spéciales. Nous constatons un intérêt croissant pour les transactions super seniors et monétaires, souvent liés à des modifications et à des extensions de contrats de crédit existants. Les opérations de financement augmentent aussi bien en termes de volume que de qualité, principalement du fait de l’allongement des périodes de détention du capital-investissement et du niveau toujours élevé des taux de base. Selon nous, la croissance de ces transactions et opérations destinées à améliorer la liquidité et les performances d’investissements devrait se poursuivre tout au long de l’année 2026.
Dans le même temps, des tensions apparaissent dans le segment des prêts, qui se négocient en dessous de leur valeur nominale. Bien que les instruments de crédit restent très demandés, même à leur valeur nominale, certains secteurs et émetteurs spécifiques sont plus en difficulté en raison de facteurs macroéconomiques et propres aux entreprises. Ces dynamiques devraient persister dans le temps et, selon nous, peuvent offrir un potentiel de rendements ajustés en fonction du risque attractif aux investisseurs dans ce domaine.