Puisque vous m’avez posé la question... (partie 1)
Q. : Qu’est-ce qui indiquerait qu’une récession est imminente?
Tout d’abord, il y aurait des signes d’endettement significatif et d’excès dans l’économie. Ce n’est pas le cas. La variation annuelle des emprunts des entreprises est pratiquement nulle6 . De plus, le défi pour l’économie n’a pas été un excès cyclique, mais plutôt des stocks d’entreprise7 et des logements8 insuffisants, pour ne nommer que ces deux facteurs-là.
Ensuite, les résultats d’enquête plongeraient. Ce n’est pas le cas. Par exemple, la confiance des consommateurs a touché le fond en juin 2022 et est supérieure aux niveaux des récessions antérieures9. De plus, le sondage de l’ISM auprès des directeurs d’achats du secteur manufacturier a été à son plus bas il y a plus d’un an et oscille entre un signe d’expansion ou de contraction, mais demeure bien au-delà des creux d’une récession10.
Enfin, les écarts de taux des obligations de sociétés, qui sont généralement le « canari dans la mine de charbon », s’élargiraient. Ce n’est pas le cas. Les coûts d’emprunt des entreprises américaines demeurent nettement inférieurs à la moyenne à long terme et aux niveaux atteints avant les récessions antérieures11. (Les mineurs ne font plus appel aux canaris pour détecter les gaz toxiques, si vous vous posiez la question.)
Puisque vous m’avez posé la question... (partie 2)
Q. : La récente hausse des taux d’intérêt est-elle préoccupante? Les vigiles du marché obligataire sont-ils revenus? Pourrait-il s’agir d’un « moment Liz Truss » pour les États-Unis? (1er juillet 2024)
R. : J’ai précisé la date à laquelle la question m’a été posée parce que le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans a baissé depuis. La question mérite toutefois une réponse, car elle reviendra sur le tapis. D’abord, voici quelques définitions :
Un vigile du marché obligataire est un investisseur qui vend des obligations pour se protéger contre les politiques gouvernementales qu’il juge inflationnistes ou expansionnistes.
Un « moment Liz Truss » renvoie au plan budgétaire mal accueilli de l’ancienne première ministre du Royaume-Uni, qui a mené le marché obligataire britannique au bord de la catastrophe et provoqué la destitution de Mme Truss.
Non, la hausse des taux d’intérêt à la fin juin et au début de juillet n’a pas été un « moment Liz Truss » ni un retour des vigiles du marché obligataire. Les actifs risqués se sont bien comportés durant cette période12 et le billet vert a été vigoureux13. Il y a peu de raisons de croire que les taux des obligations du Trésor américain se négocient sur la base d’autre chose que le potentiel de croissance nominale de l’économie du pays. Sur le plan cyclique, le ralentissement de l’économie américaine et le freinage de l’inflation font en sorte que les taux sont plus susceptibles de baisser que d’évoluer à court terme en fonction des plans budgétaires du prochain résident de la Maison-Blanche.
On a dit
« Maintenant que l’inflation a diminué et que le marché de l’emploi s’est effectivement calmé, nous allons examiner les deux mandats. Ils sont bien plus équilibrés. »
– Jerome Powell, président de la Fed
Mieux vaut tard que jamais! Les mandats sont mieux équilibrés, mais l’équilibre du risque penche désormais du côté de la croissance. Le moment est venu de mettre fin à la guerre contre l’inflation et de se concentrer sur la création d’emplois, car de modestes failles apparaissent.
Et ça recommence!
L’idée qu’un parti ou l’autre soit préférable pour les marchés me laisse toujours perplexe. J’ai tenté de me battre, mais je semble perdre. Ma boîte de réception est inondée de notes m’« aidant » à négocier dans l’éventualité de plus en plus probable où Donald Trump remporterait la présidence. On me dit que l’ancien président privilégierait les positions acheteur sur la cryptomonnaie et les actions de défense européennes, ainsi que les positions vendeur sur les actions chinoises. C’est presque comme si les cours du bitcoin et les actions européennes du secteur de la défense n’avaient pas doublé et que les actions chinoises n’avaient pas reculé au cours des trois premières années et demie du mandat de Joe Biden14.
Pour ceux que cela peut intéresser, l’indice S&P 500 a progressé de 70,2 % depuis le jour de l’élection de Donald Trump jusqu’au jour de l’élection de Joe Biden et de Kamala Harris. Depuis, il a gagné 76,4 %15. Les titres de croissance ont surpassé les titres de valeur sous Trump. Ils les ont aussi dépassés sous Biden et Harris16.
Trêve de balivernes! Je promets de continuer à mener cette bataille perdue.
Téléphonez à un ami
La Fed a tardé à relever les taux d’intérêt dans la foulée de la pandémie. Certains soutiennent maintenant qu’elle aurait dû les réduire il y a des mois. Pourquoi, alors, laissons-nous les bureaucrates déterminer les taux à court terme plutôt que de nous fier au marché libre? J’ai posé la question à Arnab Das, stratège de la macroéconomie mondiale à Invesco. Sa réponse :
« Si vous avez une monnaie fiduciaire, vous devez avoir un point d’ancrage pour l’inflation. Pour cibler l’inflation, il faut fixer les taux d’intérêt. Il ne faut pas s’en remettre au marché. La solution de rechange serait quelque chose comme un étalon-or ou des règles inviolables comme la règle de Taylor ou une règle de croissance de la monnaie. Pour revenir à l’étalon-or ou à un ensemble de règles, il faudrait tolérer une plus grande volatilité des taux d’intérêt et il en résulterait probablement une économie moins « financialisée » et, sans doute, des ralentissements économiques plus importants, car il n’y aurait pas d’autorité politique disposant des outils nécessaires pour faire face à de graves récessions. »
Sur la route, encore une fois
J’ai tendance à parcourir moins de milles en été. Plutôt que de vous raconter des anecdotes sur mes déplacements pour affaires ce mois-ci, je vous ferai part de mes récentes excursions de fin de semaine dans différents lieux de villégiature sur Long Island et sur le littoral du New Jersey. Disons simplement que je n’ai jamais vu autant de gens dans ces endroits. La file d’attente pour les machines d’exercice à un YMCA dans l’est de Long Island était impressionnante, et je vous fais grâce des listes d’attente aux restaurants. L’économie américaine ralentit peut-être, mais les Américains semblent toujours passer du très bon temps.
Je vais conclure en citant les présidents Trump et Biden, respectivement. « C’est l’occasion de rassembler tout le pays. » « Il est temps de calmer le discours politique. » Je l’espère, et je suis tout à fait d’accord.