Linus Van Pelt : « La vie est difficile, n’est-ce pas, Charlie Brown?
Charlie Brown : Oui, mais j’ai développé une nouvelle philosophie. Je ne redoute qu’un jour à la fois. »
Notre nigaud favori craint peut-être chaque jour, mais il fait preuve d’un optimisme tranquille. Il n’arrête pas d’essayer de botter son ballon de football ou de faire voler son cerf-volant. Je me reconnais en lui. C’est l’un de ces moments où je redoute chaque jour, sans savoir ce que les prochaines nouvelles ou la prochaine série de messages apporteront. Pourtant, je suis moi aussi aux prises avec le pessimisme.
L’auteur Mustafa Suleyman a récemment introduit le concept du piège de l’aversion au pessimisme, la tendance psychologique à éviter d’envisager des possibilités négatives. Ne vous méprenez pas, je laisse le pessimisme s’immiscer dans ma vie personnelle. Après tout, je suis un partisan des Giants de New York. Toutefois, mon aversion pour le pessimisme réside dans la façon dont nous considérons la capacité de la société à surmonter les difficultés et à bâtir un avenir meilleur. J’ai crié au loup une fois de trop.
Prenons, par exemple, les nombreuses prévisions de catastrophe qui ne se sont jamais tout à fait concrétisées :
- Les baby-boomers étaient tous censés prendre leur retraite et faire s’effondrer les marchés immobiliers et boursiers.
- Nous allions manquer de pétrole.
- Les États-Unis étaient sur le point de ne plus être en mesure d’assurer le service de leur dette.
- La mise au point d’un vaccin contre la COVID-19 prendrait dix ans.
- L’année 2022 a été déclarée le début d’une nouvelle ère de stagflation.
- Tous les immeubles de bureaux au pays étaient censés rester vides. Rassurez-vous, mes déplacements pour me rendre au bureau et revenir à la maison sont plus terribles que jamais!
M. Suleyman pourrait faire valoir que tomber dans le piège de l’aversion au pessimisme pourrait mener à une dangereuse complaisance. J’en suis conscient. Néanmoins, je ne peux pas m’empêcher de mettre en contexte les enjeux qui pèsent actuellement sur les investisseurs. En voici deux exemples :
- Guerre : Le plus récent conflit entre Israël et le Hamas a commencé le 7 octobre 2023. Depuis, l’indice S&P 500 a progressé de plus de 40 %1.
- Guerre commerciale : En 2019, année entre le début de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et l’accord commercial de 2020, l’indice S&P 500 a progressé de 31,5 %2.
Comme Charlie Brown l’a également affirmé : « Il faut apprendre d’hier, vivre aujourd’hui, se tourner vers demain et se reposer cet après-midi. »
Il peut s’agir d’un biais de confirmation, mais…
… le marché ne croit pas qu’une récession s’en vient. Depuis le début de l’année, les obligations de sociétés américaines à rendement élevé ont mieux fait que l’indice S&P 5003. Les écarts de taux des obligations à rendement élevé se sont resserrés de plus de 150 points de base depuis le 8 avril, date à laquelle ils avaient atteint un sommet4. De plus, cette année, le secteur industriel de l’indice S&P 500 a largement devancé l’indice dans son ensemble5.
Une récession? Le marché semble penser le contraire.
Puisque vous m’avez posé la question (partie 1)
Q. : Quelle incidence la guerre entre Israël et l’Iran pourrait-elle avoir sur les marchés financiers?
R. : Les conflits et les guerres géopolitiques entraînent souvent une volatilité immédiate sur les marchés financiers, mais les investisseurs devraient prendre du recul et se poser deux questions clés : Cet événement modifie-t-il de façon importante les perspectives de croissance des plus grandes économies du monde? Modifie-t-il les attentes à l’égard de la réaction des grandes banques centrales? Si la réponse à ces deux questions est non, il est peu probable que l’événement, même s’il est tragique et perturbateur, fasse dérailler des cycles de marché plus larges.
La réflexion ne changerait que si quelque chose devait se produire qui modifierait le calcul. Par exemple, la fermeture du détroit d’Ormuz, une voie essentielle pour les flux énergétiques mondiaux à la frontière du nord de l’Iran, pourrait perturber considérablement les marchés du pétrole et du gaz naturel et peser sur la croissance économique mondiale. Toutefois, un tel scénario ne semble pas imminent. Il convient également de noter que les États-Unis produisent actuellement 13,4 millions de barils de pétrole par jour, un niveau record qui offre une protection importante contre les chocs externes6.
Puisque vous m’avez posé la question (partie 2)
Q. : Pourquoi les données sur l’inflation ne tiennent-elles pas encore compte des droits de douane?
R. : Les importations aux États-Unis ont bondi au premier trimestre, les entreprises s’étant empressées de constituer des stocks de biens avant l’imposition de nouveaux droits de douane7. Depuis, les importations ont fortement diminué. À l’approche de l’été et de l’automne, l’incidence de ces droits devrait apparaître plus clairement dans les données sur l’inflation. En fait, ce qui pourrait être le plus préoccupant pour le marché boursier, ce serait si les droits de douane ne se manifestaient pas dans les données sur l’inflation. Cela signifierait que les entreprises absorbent les coûts, ce qui pourrait nuire à leur rentabilité.
Les perspectives encourageantes à plus long terme sont que le marché obligataire s’attend à ce que l’inflation à long terme reste stable, ce qui donne à penser que les droits de douane pourraient causer un choc des prix à court terme plutôt qu’une inflation soutenue8.
Quelqu’un a dit…
« J’aimerais que ce type abaisse les taux d’intérêt, car s’il ne le fait pas, nous devrons payer. »
– Président Donald Trump
Je m’excuse de revenir sur ce sujet, mais l’indépendance de la Réserve fédérale américaine demeure une mesure de protection essentielle contre la forte hausse des taux d’intérêt sur la dette publique. Bien que la réduction des taux en réaction à l’affaiblissement du marché de l’emploi soit une réponse politique légitime, procéder à une telle réduction pour apaiser l’exécutif est une perspective beaucoup plus inquiétante. Un exemple historique à souligner est la trajectoire des taux d’intérêt aux États-Unis à la suite de la politisation, par le président Nixon, de la Fed dirigée par Arthur Burns, un épisode qui souligne les dangers de compromettre l’autonomie des banques centrales.
À l’heure actuelle, l’échéance moyenne des titres de créance américains est d’environ six ans9. Les taux des obligations du Trésor, en particulier du segment de moyen à long terme de la courbe, ont tendance à refléter la vigueur généralisée de l’économie américaine. Par le passé, une forte baisse de ces taux a souvent signalé une récession, un dénouement qui pèserait davantage sur la situation budgétaire des États-Unis.
Un autre son de cloche
La récente faiblesse du dollar a redonné vigueur au refrain habituel qui proclame la fin de l’exceptionnalisme américain10. Je choisis de présenter les choses différemment. Un repli par rapport à des niveaux élevés est favorable aux multinationales américaines et ouvre la porte à des capitaux pour explorer des occasions au-delà des frontières américaines.
Tout le monde a son balado
David Nadel s’est joint à notre balado Greater Possibilities pour discuter des placements dans les petites et moyennes entreprises (PME) internationales. Voici les principaux points que je retiens :
- Renversement des tendances à long terme : La récente vigueur des actions internationales est attribuable au renversement de la tendance sur 15 ans qui favorisait les actions américaines, en raison de l’affaiblissement du dollar et de l’évolution de la dynamique de la croissance mondiale11.
- Écart de valorisation et occasions : Les actions internationales des PME (petites et moyennes capitalisations) sont nettement sous-évaluées par rapport à leurs homologues américains, se négociant à un escompte de 40 % à 50 % par rapport au ratio cours/bénéfice prévisionnel, ce qui offre un potentiel de hausse intéressant12.
- Réductions de taux et résilience : Les sociétés internationales à petite et à moyenne capitalisation pourraient être mieux placées pour profiter des baisses de taux mondiales, en particulier dans les régions qui ne sont pas confrontées à des pressions inflationnistes à l’américaine. Les actifs de grande qualité à duration longue de ces marchés pourraient enregistrer des gains.
- Sous-répartition et perception erronée : Les investisseurs américains sous-pondèrent les sociétés internationales à petite et à moyenne capitalisation (<1 %) par rapport aux sociétés internationales à grande capitalisation et aux PME américaines, en grande partie en raison des perceptions à l’égard du risque, qui, selon David, sont mal fondées13.
Sur la route
Mes déplacements ont (heureusement) ralenti. Ce n’est pas le moment des conférences sur les placements. Je vais plutôt prendre un instant pour féliciter les diplômés de 2025. Nous vous souhaitons la meilleure des chances pour la suite des choses!