Marchés et économie

Au-dessus de la mêlée : comprendre les marchés, les obligations du Trésor et les droits de douane

Vue aérienne de remorqueurs aidant à accoster un porte-conteneurs
Points importants à retenir
Marchés et droits de douane
1

Une amélioration progressive des politiques commerciales pourrait suffire à soutenir les marchés, sans qu’une transparence complète soit nécessaire.

Demande des titres du Trésor
2

Les rumeurs sur une baisse de la demande pour les obligations du Trésor américain semblent largement exagérées. Il y a peu de preuves à l’appui. 

Décote de la dette
3

La décote de Moody’s, comme les précédentes décotes, ne devrait pas menacer structurellement le marché des obligations du Trésor américain.

« Si chaque intuition que vous avez est mauvaise, alors l’opposé doit être juste. »

Ce conseil de Jerry Seinfeld à George Costanza semble étrangement pertinent pour les investisseurs ces derniers temps. Toutefois, contrairement à Costanza, qui commande une salade de poulet sur du pain de seigle non grillé, la meilleure décision pour les investisseurs aurait peut-être été de ne rien faire. Alors que 74 G$ sortaient des fonds communs et FNB d’actions1, le marché rebondissait pour repasser en territoire positif pour l’année2. Encore une fois, notre biais d’action nous a joué des tours!

Il est vrai que les données fondamentales sont restées stables. Les droits de douane demeurent élevés3 et la confiance des entreprises demeure historiquement faible4. Pourtant, les marchés se sont redressés5, sans doute parce que l’incertitude politique a commencé à se dissiper6. Certains signaux laissent penser que les points de tension sur les marchés poussent l’administration à adopter une position commerciale moins extrême.

À l’avenir, les marchés ont-ils besoin de clarté totale sur la politique commerciale pour progresser, ou de simples avancées progressives? L’histoire récente penche pour la seconde option. En décembre 2018, le président Trump avait conclu une trêve commerciale de 90 jours avec la Chine. L’accord de phase 1 n’a été signé qu’en janvier 2020, mais le marché s’est bien comporté entre-temps7.

La sérénité, maintenant!

Il peut s’agir d’un biais de confirmation, mais…

… à mon avis, les rumeurs annonçant la fin de la demande pour les obligations du Trésor américain sont largement exagérées. Les marchés ont bien absorbé la vente aux enchères de mai, sans réel signe d’un boycottage étranger. En fait, le taux de couverture moyen des obligations du Trésor américain à 10 ans, sur les trois derniers mois, dépasse légèrement sa moyenne à long terme8. Je m’attends à ce que les obligations du Trésor américain continuent d’évoluer en fonction des anticipations de politique monétaire et de croissance nominale, et non en raison de craintes liées à la viabilité budgétaire.

 

Comme vous l’avez demandé…

Q. : Les nouveaux droits de douane pourraient-ils générer suffisamment de revenus pour modifier de façon significative la situation budgétaire des États-Unis?

R. : C’est peu probable. Mais mettons les choses en chiffres :

  • En 2024, le gouvernement américain a perçu environ 98 G$ en taxes de douane et d’accise, ce qui représente environ 2 % des 4 900 G$ de recettes fiscales totales9.
  • Si le taux tarifaire effectif devait augmenter à 10 %, ce serait quatre fois plus que le niveau de 202410. En supposant que tous les autres facteurs restent constants, les recettes douanières pourraient atteindre 400 G$ en 2025, soit environ 8 % des recettes fiscales de l’année précédente.
  • Cela dit, tous les autres facteurs ne resteront probablement pas constants. Un taux tarifaire plus élevé réduirait probablement les volumes d’importations, car la demande pourrait diminuer, et les consommateurs pourraient se tourner vers les biens produits localement ou d’autres produits.

On a dit (partie 1)

« Cette décote d’un cran sur notre échelle de 21 niveaux reflète l’augmentation, depuis plus de dix ans, de la dette publique et du ratio des paiements d’intérêts à des niveaux nettement supérieurs à ceux d’autres États souverains ayant une notation similaire. » – Moody’s Investors Service

Le 16 mai, Moody’s Investors Service a abaissé la note des titres de créance du gouvernement américain, faisant écho à des mesures similaires antérieures. Standard & Poor’s l’a fait il y a 14 ans, et Fitch, il y a deux ans11. Bref, ce n’est pas nouveau.

Les révisions à la baisse actuelles, comme celles qui les ont précédées, ne représentent pas une menace structurelle pour le marché des obligations du Trésor américain. Les obligations du Trésor américain forment une catégorie d’actifs à part entière, ce qui les met à l’abri de toute vente forcée. Il convient également de rappeler que les États-Unis demeurent une nation exceptionnellement riche. Alors que la dette publique s’élève à environ 37 000 G$12, la valeur nette totale des ménages américains s’élève à près de 160 000 G$13.

Il existe par ailleurs des options politiques viables pour freiner la croissance de la dette nationale. Au bout du compte, c’est une question de volonté politique.

On a dit (partie 2)

« Si le président de la Fed… s’il baissait les taux d’intérêt comme l’a fait la Chine, comme je pense que le Royaume-Uni l’a fait, et comme l’ont fait de nombreux autres pays, ce serait comme du carburant pour réacteur… mais il ne veut pas le faire… Probablement qu’il ne m’aime pas beaucoup. » – Président Donald Trump

Il est peu probable que les opinions du président de la Fed, Jerome Powell, envers le président aient la moindre influence sur la politique monétaire. La Réserve fédérale se trouve actuellement dans une situation délicate : les droits de douane devraient ralentir la croissance économique tout en augmentant les prix à court terme.

Par ailleurs, alors que les États-Unis font face à des pénuries potentielles et à une hausse des prix, la Chine et les pays d’Europe pourraient être confrontés au problème inverse : une surabondance de biens initialement destinés à l’exportation. Pour les États-Unis, le défi est une inflation à court terme; pour une grande partie du reste du monde, ce pourrait être une déflation passagère. Cette divergence contribue à expliquer l’orientation plus accommodante adoptée par les banques centrales à l’échelle mondiale.

Mon conseil : ne pariez pas contre la Banque centrale européenne ni contre la Banque populaire de Chine.

Selon nos Stratégies de portefeuille

Les réponses à trois questions aident à orienter notre point de vue sur les placements dans nos Stratégies de portefeuille.

1. À quelle étape du cycle économique en sommes-nous?

Une récession ne semble pas imminente. Si c’était le cas, les écarts de taux seraient probablement beaucoup plus importants14.

2. Où s’en va l’économie?

La croissance mondiale devrait rester inférieure à la tendance et continuer de se détériorer15.

3. Qu’est-ce que cela impliquera sur le plan des politiques?

L’assouplissement de la politique monétaire se poursuit, des mesures plus énergiques étant mises en œuvre à l’extérieur des États-Unis.

Dans ce contexte, une approche de placement prudente pourrait consister à améliorer la qualité du portefeuille et à en réduire les valorisations. La diversification au-delà des actions de croissance américaines à mégacapitalisation en actions de valeur, en actions à moyenne capitalisation et en actions internationales pourrait contribuer à réduire les valorisations globales du portefeuille16. Un portefeuille affichant une valorisation plus faible pourrait offrir une protection contre les baisses de marché et se positionner favorablement en vue d’une éventuelle reprise économique mondiale.

Tout le monde a son balado

Pour chaque épisode de notre balado Greater Possibilities, nous appelons un ami pour approfondir un sujet. Dans le dernier épisode, nous avons joint Justin Leverenz de l’équipe Marchés en développement Invesco. Voici ce qu’il a dit :

  • Le rendement des actions des marchés émergents – à la fois le rendement absolu en dollars américains et le rendement relatif des actions américaines – dépend principalement de deux facteurs : la Chine et le dollar américain. Nous pensons que nous sommes peut-être à un point d’inflexion où ces deux éléments pourraient devenir des moteurs positifs de rendement.
  • La croissance mondiale pourrait inévitablement se déplacer vers l’Asie et l’Europe au cours des prochaines années. Ces deux régions disposent d’une marge de manœuvre budgétaire importante pour relancer la demande intérieure, compte tenu du choc causé par le ralentissement des exportations.
  • Les arguments en faveur des actions chinoises reposent sur une reprise de la demande intérieure et un délaissement de l’épargne excédentaire au profit de la consommation intérieure. Le gouvernement chinois a déjà pris des mesures en ce sens, notamment pour stimuler la demande intérieure et réduire la dépendance aux exportations.

Sur la route

J’ai récemment assisté à une conférence à Atlanta, où le conférencier principal était Dominique Wilkins. Ce n’est pas tous les jours qu’on croise un membre du Temple de la renommée de la NBA. Il a parlé de l’importance d’une saine concurrence. Il a admis qu’il détestait la compétition lorsqu’il jouait, mais il a tout de même rendu hommage aux meilleurs joueurs de la ligue. La concurrence peut vous aider. Elle rend aussi le jeu plus stimulant.

  • 1

    Source : Investment Company Institute, 7 mai 2025. Plus récentes données disponibles. Les données sur les fonds communs de placement représentent les estimations des nouveaux flux de trésorerie nets, soit les nouvelles souscriptions moins les rachats combinés aux échanges nets, tandis que les données sur les fonds négociés en bourse (FNB) représentent les émissions nettes, soit les émissions brutes moins les rachats bruts. Les données sur les fonds communs de placement qui investissent principalement dans d’autres fonds communs de placement et celles sur les FNB qui investissent principalement dans d’autres FNB ont été exclues de la série.

  • 2

    Source : Bloomberg L.P., 19 mai 2025. Le rendement total de l’indice S&P 500 depuis le début de l’année s’élevait à 1,80 % à la clôture des marchés le 16 mai 2025.

  • 3

    Source : United States International Trade Commission, mai 2025.

  • 4

    Source : CEO Executive Magazine, 30 avril 2025. L’indice CEO Confidence Index est une enquête mensuelle menée auprès des chefs de la direction. Chaque mois, le Chief Executive Magazine mène une enquête auprès des chefs de la direction d’entreprises américaines de tous types et de toutes tailles. Les données recueillies servent ensuite à créer l’indice.

  • 5

    Source : Bloomberg L.P., 19 mai 2025. Selon le rendement de l’indice S&P 500 depuis le récent creux boursier du 8 avril 2025.

  • 6

    Source : Baker, Bloom, & Davis, 18 mai 2025. Fondée sur l’indice de l’incertitude liée aux politiques économiques aux États-Unis, une mesure largement utilisée pour quantifier l’incertitude économique découlant des décisions politiques. Cet indice a atteint un sommet en 2025, le 5 avril. 

  • 7

    Source : Bloomberg L.P., 19 mai 2025. L’indice S&P 500 a inscrit un rendement trimestriel de 31,5 % en 2019. Les rendements passés ne sont pas garants des résultats futurs.

  • 8

    Source : Trésor américain, 6 mai 2025. Plus récentes données disponibles. Le taux de couverture mesure le montant total des offres et le montant total des offres du Trésor acceptées sur une base concurrentielle. En règle générale, ce chiffre présente une corrélation positive avec la demande (plus le chiffre est élevé, plus la demande est élevée). 

  • 9

    Source : Trésor américain, 31 décembre 2024.

  • 10

    Source : United States International Trade Commission, mai 2025.

  • 11

    Source : Standard & Poor’s, Fitch Ratings.

  • 12

    Source : Trésor américain, 31 décembre 2024.

  • 13

    Source : Réserve fédérale américaine, 31 décembre 2024.

  • 14

    Source : Bloomberg L.P., 19 mai 2025. D’après l’écart ajusté en fonction des options de l’indice Bloomberg US Corporate High Yield Bond, qui mesure le marché des obligations de sociétés à rendement élevé, à taux fixe et libellées en dollars américains. Un titre est considéré à rendement élevé si la moyenne des notes qui lui sont attribuées par Moody’s, Fitch et S&P est inférieure ou égale à Ba1/BB+/BB+. L’écart ajusté en fonction des options est la mesure de l’écart entre le taux d’un titre à revenu fixe et le taux de rendement sans risque, ajusté pour tenir compte d’une option intégrée, comme une option de rachat, anticipé ou non. Le 19 mai 2025, l’écart ajusté en fonction des options de l’indice Bloomberg US Corporate High Yield s’établissait à 303 points de base, comparativement à une moyenne à long terme de 498 points de base.

  • 15

    Sources : Bloomberg L.P., MSCI, FTSE, Barclays, J.P. Morgan, et recherche et calculs d’Invesco Solutions, du 1er septembre 1992 au 30 avril 2025. L’indicateur économique avancé (IEA) mondial est une mesure exclusive et prospective du taux de croissance de l’économie. 

  • 16

    Source : Bloomberg L.P., 30 avril 2025. Selon le ratio cours/bénéfice de l’indice S&P 500 (23,8x) par rapport à d’autres indices, comme l’indice MSCI Europe (14,7x), l’indice de valeur Russell 1000 (18,5x) et l’indice Russell Midcap (20,4x).

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