Les montagnes russes de 2025 ont pris une direction haussière la semaine dernière lorsque le président Donald Trump a annoncé qu’il n’avait jamais eu l’intention de congédier le président de la Réserve fédérale américaine (la Fed), Jerome Powell, lorsque le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent a fait des commentaires concessionnistes au sujet des droits de douane sur la Chine, et lorsqu’Elon Musk a déclaré qu’il se retirerait bientôt du département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE).
Pouvons-nous sortir des montagnes russes maintenant et trouver un terrain plus calme dans le parc thématique de 2025? Ce serait surprenant. Les marchés ont été rassurés à plusieurs reprises, avant de connaître un nouveau revirement quelques heures ou quelques jours plus tard. Il est certainement possible que nous ayons dépassé la partie la plus effrayante de cette traversée, mais il est naïf de croire qu’il n’y aura peut-être pas quelques autres bouleversements.
Les données que nous observons actuellement sont un peu comme un miroir. La confiance des consommateurs et des entreprises aux États-Unis s’est assombrie1, et le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance2. Toutefois, les données tangibles sont meilleures que prévu. Cela reflète probablement une baisse de la demande et fait en sorte qu’il est difficile de se forger une opinion ferme sur les probabilités de récession.
Vous n’êtes pas congédié : M. Trump indique qu’il ne destituera pas le président de la Fed, M. Powell
Les marchés se sont réjouis lorsqu’il a semblé que les difficultés économiques poussaient l’administration Trump à revenir sur certaines de ses politiques3. Le mouvement des marchés le lundi 21 avril — la baisse simultanée des actions américaines, des obligations du Trésor américain et de l’indice du dollar américain — envoie un signal clair que la remise en question de l’indépendance de la Réserve fédérale ne sera pas récompensée4.
Ces craintes étaient peut-être mal fondées. Le mardi 22 avril, M. Trump a déclaré qu’il n’avait jamais eu l’intention de congédier M. Powell. « Je ne l’ai jamais fait » et « Les médias s’emballent facilement. Non, je n’ai pas l’intention de le congédier. J’aimerais qu’il soit un peu plus actif dans son idée de réduire les taux d’intérêt5. »
Peut-être que Trump s’est rendu compte que le congédiement de M. Powell se traduirait par des taux obligataires beaucoup plus élevés. En prenant du recul, Trump pourrait réaliser son souhait de voir les taux baisser. Le marché est maintenant libre de se concentrer sur les risques de récession et prévoit maintenant de trois à quatre baisses de taux d’ici la fin de l’année6.
Nous ne serions pas surpris de voir M. Powell pointer du doigt en cas de ralentissement de la croissance aux États-Unis, mais cela relève davantage de la politique que des politiques.
Les pourparlers commerciaux se poursuivent, les marchés cherchant à obtenir des précisions sur les droits de douane
Les marchés ont également été stimulés par les commentaires de M. Bessent selon lesquels un accord commercial pourrait être conclu avec la Chine. Toutefois, il a peu après déclaré qu’un accord prendrait des années. Les commentaires de Bessent plus tard dans la semaine ont laissé entendre qu’un « accord de compréhension » pourrait bientôt être conclu avec la Corée du Sud.
Il s’agit de meilleures manchettes commerciales, mais nous ne savons pas plus où le taux tarifaire final aboutira. Ce que nous savons, c’est que les droits de douane sont beaucoup plus élevés que la cible de 2,3 % de 20247, et que l’incertitude entourant la politique commerciale atteint un sommet record8. Cela a un effet modérateur sur la confiance à l’égard de l’économie aux États-Unis.
Le DOGE n’existe plus? Musk annonce son intention de démissionner
Elon Musk a annoncé qu’il allait bientôt se retirer du DOGE pour consacrer plus de temps à Tesla. Selon les propres estimations du DOGE, l’équipe a économisé environ 160 milliards de dollars9, soit une fraction de l’objectif initial, et un montant négligeable dans le budget fédéral de 6,8 billions de dollars10. Au cours des prochains mois, nous verrons clairement quels types de mises à pied et de réductions de dépenses durables les ministères pourraient subir. Toutefois, les marchés ont accueilli favorablement la diminution de l’incertitude entourant les réductions et les perturbations dans les services.
Les prévisions de croissance aux États-Unis reculent, mais les données tangibles ont tenu le coup
La semaine dernière, le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale11, invoquant le choc commercial aux États-Unis et l’incertitude qui a suivi. La confiance des consommateurs et des entreprises a diminué rapidement, car l’incertitude pèse sur l’économie1.
Toutefois, les données tangibles tiennent le coup. Il y a deux semaines, les ventes au détail aux États-Unis ont été solides et, la semaine dernière, les commandes de biens durables ont augmenté de 9,2 %, bien plus que les 2 % prévus12.
Il n’est pas surprenant que l’activité économique aux États-Unis soit plus vigoureuse que prévu, car les ménages et les entreprises se précipitent pour effectuer des transactions avant l’entrée en vigueur des droits de douane. Cette accélération de la demande fait en sorte qu’il est difficile de déterminer si et quand une récession aux États-Unis pourrait survenir.
À ce stade-ci, nous pourrions penser qu’il s’agit davantage d’une « vibecession » que d’une récession.
Trajectoire plus facile pour la BCE et la Banque d’Angleterre que la Fed
Alors que M. Trump souhaite que la Fed abaisse les taux plus rapidement, ses politiques donnent les conditions pour que d’autres banques centrales réduisent leurs taux plus rapidement.
Megan Greene, membre du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, a déclaré la semaine dernière que les droits de douane représentent en fait un risque de désinflation plus important qu’un risque d’inflation [pour le Royaume-Uni]. Les marchés sont maintenant sur le point d’envisager quatre réductions de taux13 de la Banque d’Angleterre. Quatre réductions nous semblent justes et, si elles sont réalisées, devraient faire baisser les taux hypothécaires. La baisse des taux hypothécaires devrait encourager les ménages britanniques à puiser davantage dans leurs poches et à dépenser davantage.
La BCE a mené le bal des réductions de taux au cours du présent cycle, ce qui commence à améliorer la confiance des consommateurs et les ventes au détail. L’activité intérieure s’est améliorée en Europe, comme en témoigne l’amélioration du rendement des marchés boursiers européens.
Comparaison entre le temps passé sur le marché et l’anticipation du marché
Au cours de la période de trois semaines terminée le 16 avril 2025, les investisseurs ont retiré 47 G$ des fonds communs de placement et des FNB d’actions et 50 G$ des fonds communs de placement et des FNB de titres à revenu fixe14. Cette fuite simultanée des actions et des obligations est inhabituelle et souligne l’inquiétude entourant les actifs en dollars américains.
Malheureusement, les investisseurs qui ont retiré de l’argent des fonds d’actions avant le 9 avril ont raté la troisième meilleure journée de l’indice S&P 50015. Un rappel de l’importance du temps sur le marché par rapport à l’anticipation du marché pour les investisseurs à long terme.
Nous rappelons également aux investisseurs qu’à la fin de la semaine dernière, le taux des obligations du Trésor américain à 10 ans était près de sa moyenne au cours des deux dernières années16.
Hausse des actions, mais les tendances relatives demeurent inchangées
Les marchés boursiers mondiaux ont culminé17 la semaine dernière en raison de la baisse du ton de l’administration américaine. Les marchés boursiers américains ont surperformé18 et le dollar américain19 a récupéré une partie de ses pertes, mais nous ne croyons pas que cela marque un retour au discours sur l’exceptionnalisme américain.
Les actifs des États-Unis ont dominé pendant plus de quinze ans, et il est désormais difficile de justifier ces primes de valorisation.
Même si les investisseurs à l’extérieur des États-Unis ne se précipitent pas pour rapatrier leur argent, nous croyons que la livre sterling, l’euro, le franc, le yen, etc., se retrouveront maintenant sur des marchés à l’extérieur des États-Unis, y compris en Europe, en Asie et peut-être même au Royaume-Uni.
Le moment est venu de rappeler l’importance de la diversification. Enfin, les récentes fluctuations des actions confirment que même si les marchés sont en dents de scie, il existe de bonnes raisons d’investir.
C’est vraiment excitant!