Dans ce balado, Kristina Hooper et Alessio de Longis discutent de ce qu’ils prévoient pour l’année à venir, notamment du ralentissement de l’inflation, des « signes convaincants » d’une reprise économique potentielle et d’une « occasion en or » de reconstituer les revenus.
Transcript
Brian Levitt :
Bonjour, je m’appelle Brian Levitt.
Jodi Phillips :
Je m’appelle Jodi Phillips. Le moment est venu de parler de nos perspectives pour 2023. Nous accueillons Kristina Hooper, stratège en chef des marchés mondiaux, et Alessio de Longis, chef mondial de la répartition tactique de l’actif.
Brian Levitt :
Jodi, bienvenue en 2023.
Jodi Phillips :
Bonne année!
Brian Levitt :
Bonne année!
Jodi Phillips :
2022 est enfin derrière nous! Je n’étais pas vraiment fâchée de tourner la page du calendrier.
Brian Levitt :
Oui, je pense que la plupart des investisseurs sont probablement de cet avis. Il est étonnant de constater à quel point changer d’année peut faire du bien après une année difficile sur le marché.
Jodi Phillips :
Vous avez bien raison. C’est vraiment ce qui se passe. Mais est-ce que cela veut vraiment dire quelque chose? C’est peut-être une nouvelle année, mais la situation est-elle vraiment différente, ou est-elle encore la même?
Brian Levitt :
Cela ressemble en fait à une chanson de U2.
Jodi Phillips :
Pour vrai?
Brian Levitt :
Vous souvenez-vous de cette chanson où rien ne change au jour de l’An, New Year’s Day?
Jodi Phillips :
Oh oui, je m’en souviens bien.
Brian Levitt :
Je pense que vous pourriez trouver des stratèges, des analystes et de soi-disant spécialistes pour alimenter le débat du pour et du contre. Il est très difficile de dire si quelque chose a changé en ce début d’année ou si nous sommes toujours aux prises avec les mêmes problèmes que l’an dernier.
Jodi Phillips :
Dans ce cas, quelle est votre opinion?
Brian Levitt :
En fait, je crois que les choses ont changé. La bonne nouvelle, et nous en parlerons à Kristina et à Alessio, c’est que les marchés avaient déjà pris en compte un résultat plutôt défavorable. Si l’on se fie aux données du Bureau of Labor Statistics, la baisse de l’inflation et peut-être le rapprochement de la Fed et du yen semblent indiquer que le contexte s’améliore pour les actifs risqués. Il est donc difficile de dire que rien n’a changé. Je crois que les choses ont beaucoup changé.
Jodi Phillips :
C’est bien. Toutefois, il y a encore du pessimisme. Mais je vous ai déjà entendu dire que les cycles de marché semblent naître du pessimisme. Je ne sais pas si c’est le cas ici.
Brian Levitt :
Non, je pense que c’est tout à fait exact. Mais, je ne dis pas que ce sera facile. De toute évidence, nous avons des problèmes à régler, mais l’histoire nous enseigne qu’à partir du moment où l’inflation a atteint un sommet ou du moment où les difficultés commencent à s’améliorer, les marchés ont tendance à mieux se comporter, même s’ils n’évoluent pas en ligne droite. Certes, la conjoncture s’améliore.
Jodi Phillips :
C’est bien. Je suis optimiste. Poursuivons donc cette conversation avec nos invités. Nous allons entamer la discussion avec Kristina, puis poursuivre avec Alessio pour parler de la répartition de l’actif. C’est difficile à dire, Brian. Les conséquences sur la répartition de l’actif.
Brian Levitt :
C’est difficile à dire.
Jodi Phillips :
J’espère qu’Alessio fera mieux que moi pour nous informer à ce sujet.
Brian Levitt :
Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archisèches?
Jodi Phillips :
Bon, je suis un peu rouillée en cette nouvelle année. Quoi qu’il en soit, je vous souhaite la bienvenue, Kristina.
Kristina Hooper :
Merci beaucoup de m’avoir invité. Je suis heureuse d’être ici.
Jodi Phillips :
Commençons par un bref bilan de 2022, si vous le voulez bien. C’est difficile de s’en souvenir, mais, à ce moment-là, personne ne s’attendait vraiment à ce que la Fed resserre sa politique autant qu’elle l’a fait au cours de l’an dernier. En fait, je ne crois pas que le FOMC lui-même s’y attendait vraiment. Comment décririez-vous ce que nous avons vécu?
Kristina Hooper :
Je sais que Brian a fait référence à U2, mais, pour ma part, je penserais plutôt à Talking Heads : comment en sommes-nous arrivés là, n’est-ce pas?
Brian Levitt :
Comme d’habitude?
Jodi Phillips :
Excellente question, excellente question.
Kristina Hooper :
Vous avez tout à fait raison, Jodi. Personne ne s’attendait à ce que 2022 se déroule de cette façon, y compris la Fed, n’est-ce pas? En décembre 2021, lorsqu’elle a publié le graphique à points, elle prévoyait qu’à la fin de 2022, le taux des fonds fédéraux atteindrait 90 points de base. Puis, à la fin de 2022, nous nous sommes retrouvés dans une situation très différente, beaucoup plus serrée. Je qualifierais 2022 d’année de coup de fouet pour la politique monétaire, qui s’est ensuite transformée, à mon avis, en annus horribilus si l’on tient compte du rendement des catégories d’actif. Mais ce n’est pas aussi éloquent que lorsque la Reine Elizabeth a dit cette expression avec son magnifique accent britannique.
Brian Levitt :
De 90 points de base à 450 points de base! Quelle est la différence pour les marchés?
Kristina Hooper :
Exactement.
Brian Levitt :
C’est comme une erreur d’arrondissement. Compte tenu de tous ces resserrements et de la résilience généralisée de l’économie, dans quelle mesure êtes-vous préoccupée par les effets décalés du resserrement de la politique monétaire?
Kristina Hooper :
Ce que nous avons vécu en 2022 était une grande expérience. Nous ne savons pas exactement jusqu’à quel point ce resserrement rapide et effréné a eu des répercussions. Soyons francs, la Fed n’a pas prévu suffisamment de temps pour en constater les effets, et elle a certainement resserré ses mesures de façon beaucoup plus importante que d’habitude. Dans ce genre de situation, on s’inquiète toujours de l’incidence potentielle sur l’économie et de l’ampleur des dommages. Mais, d’après tout ce que je peux voir jusqu’ici, il semble que l’économie américaine ait été très résiliente. En fait, de nombreuses économies dans le monde ont fait preuve d’une grande résilience, malgré un resserrement très très intense.
Brian Levitt :
La famille Hooper va-t-elle toujours au restaurant et voyage-t-elle encore à l’occasion? Nous continuons de dépenser de l’argent comme le reste des Américains?
Kristina Hooper :
Un peu, mais j’ai ajouté des contraintes budgétaires.
Brian Levitt :
Je n’en doute pas. Et cela fait partie des mesures à prendre, n’est-ce pas? En fait, l’idée était de nous faire sentir un peu moins riches. Je pense que la Fed a fait du bon travail à cet égard. Comme nous nous sentons moins riches et que nous nous serrons un peu la ceinture, pensez-vous que l’inflation devient un peu dépassée ou qu’elle commence à être un peu chose du passé?
Kristina Hooper :
Je pense que oui. C’est ce que nous observons dans les données sur l’inflation, n’est-ce pas? Les dernières données de l’IPC montrent que l’inflation ralentit bel et bien. Mais nous sommes loin de la cible de la Fed. Nous sommes sur la bonne voie. Je crois que nous devons nous attendre à ce que l’inflation continue à ralentir en 2023. Mais il faut penser aux trois catégories que Jay Powell a décrites récemment lorsqu’il a parlé de l’inflation.
Il y a la catégorie des biens, la catégorie des logements et la catégorie des services sans les logements. De toute évidence, l’inflation des biens a considérablement diminué et, malgré l’IPC le plus récent, le marché de l’habitation semble sur le point de se redresser. De toute évidence, le secteur de l’habitation a subi de fortes pressions, parce que les taux hypothécaires ont fortement augmenté, et je pense que cela aura une incidence sur l’inflation du marché de l’habitation et contribuera à la modérer. Toutefois, le véritable problème, ce sera l’inflation des services, surtout parce qu’elle est en grande partie attribuable à la croissance des salaires. Selon moi, l’inflation devrait donc ralentir cette année. Il est tout simplement peu probable que nous atteignions la cible d’inflation de la Fed d’ici la fin de l’année. Je pense qu’il faudra plus de temps pour y arriver.
Brian Levitt :
Jodi, vous avez entendu Kristina le dire, mon augmentation de salaire sera suffisante cette année.
Jodi Phillips :
Oh oui! C’est bien noté. Absolument. Nous avons des témoins. De toute évidence, outre les États-Unis, la zone euro a dû composer avec un resserrement assez musclé. Comment l’économie de la zone euro se porte-t-elle?
Kristina Hooper :
En fait, elle s’est relativement bien comportée, compte tenu de tous les obstacles auxquels elle a été confrontée au cours de la dernière année. Non seulement il y a eu un resserrement important, mais bien sûr, elle a été aux prises avec une inflation très élevée, en particulier dans le secteur de l’énergie. L’économie de la zone euro a été malmenée tout récemment. Or, les derniers indices des directeurs d’achats montrent que, même s’ils demeurent en territoire de contraction, ils se sont améliorés. À mon avis, cela semble indiquer que l’économie de la zone euro est assez résiliente.
Jodi Phillips :
Qu’en est-il de la Chine? Je sais que les manchettes concernant la Chine ont fait état de l’abandon de nombre de mesures qui avaient été mises en place il y a longtemps pour lutter contre la COVID. Dans quelle mesure cela influe-t-il sur votre vision de la croissance de la Chine?
Kristina Hooper :
Lorsque nous nous sommes rencontrés en octobre pour discuter des perspectives, examiner la situation de la Chine et envisager ce qui était possible pour 2023, nous étions d’avis que les perspectives économiques reposaient sur deux facteurs : la propriété et la COVID. Nous avons constaté que les autorités chinoises avaient réglé les problèmes dans le secteur immobilier. Ils ont publié un plan en 16 points à l’automne. Ce plan semble avoir eu une incidence positive importante sur le secteur immobilier.
Il reste donc le problème de la COVID. Nous avons observé que la Chine avait imposé des mesures très sévères pour lutter contre la COVID. L’abandon de ces mesures va d’abord créer des difficultés puisque le nombre d’infections augmente considérablement. Mais je crois qu’il s’ensuivra une croissance économique importante au cours de l’année. À mon avis, nous devons nous attendre à certaines difficultés à court terme, mais l’année pourrait être très positive pour la croissance de la Chine.
Brian Levitt :
Alessio, mêlez-vous à la conversation. Merci beaucoup de vous être joint à nous.
Alessio de Longis :
Merci, Jodi. Merci, Brian. C’est toujours un plaisir d’être avec vous.
Brian Levitt :
Je sais que vous aimez toujours voir les choses du point de vue de la phase dans laquelle nous nous trouvons ou du régime dans lequel nous nous trouvons au sein du cycle. Comment qualifieriez-vous le contexte actuel, où il semble que l’appétit pour le risque soit en train de s’améliorer quelque peu par rapport à ce qu’il était en septembre, voire peut-être un peu en décembre?
Alessio de Longis :
Oui, le marché a certainement commencé à prendre beaucoup plus d’ampleur depuis la fin de novembre et le début de décembre. Je dirais pour caractériser la situation que nous attendons cette récession depuis maintenant six à neuf mois. Il s’agit de la récession la plus médiatisée qui ne s’est évidemment pas produite. Depuis le début de décembre, l’inflation, tout comme la spéculation à la fin du cycle de resserrement, recule plus rapide que la croissance. Les participants aux marchés sont donc optimistes, car ils connaissent maintenant le point idéal où l’inflation pourrait diminuer : le resserrement de la politique monétaire tire à sa fin, tandis que la croissance, à ce jour, tient toujours le coup.
Brian Levitt :
Cela ressemble à un atterrissage en douceur. S’agit-il d’un atterrissage en douceur? Pour les investisseurs, faut-il que ce soit un atterrissage en douceur, ou avons-nous déjà pris en compte une légère récession?
Alessio de Longis :
Je pense qu’un atterrissage en douceur est la meilleure façon de caractériser la situation. Essentiellement, nous savons que la croissance était près de zéro, mais nous pouvons maintenant voir la lumière au bout du tunnel et nous attendre à ce qu’elle rebondisse, au lieu de s’enliser. Nous allons donc caractériser cette réaction du marché de façon plus conforme aux cours du marché et au régime de reprise, n’est-ce pas? La croissance reste faible, mais elle s’améliore.
Combien de temps cela durera-t-il? Cela nous ramène au sempiternel débat sur les décalages longs et variables de la politique monétaire. Je suis d’accord avec Kristina. À un moment donné, les dommages causés par le resserrement de la politique monétaire seront plus évidents, mais nous n’en sommes pas là et ils ne seront pas forcément graves. Le taux de chômage à l’échelle mondiale demeure près de creux historiques. Il ne fait donc aucun doute que ce n’est pas le début d’un nouveau cycle économique, précisément parce que le taux de chômage est à son plus bas niveau de tous les temps, mais nous connaissons un atterrissage en douleur, semblable à...
Brian, j’aime faire des analogies. Évidemment, les circonstances étaient très différentes, mais rappelez-vous combien de fausses récessions nous avons eues, comme en 2011, en 2015? À mon avis, la relation entre la situation économique et la réaction du marché est semblable à ces dernières. Ces années ont été très difficiles du point de vue des opérations et les rendements négatifs ont été importants, mais l’économie a tenu le coup et le marché a fini par se redresser. Selon moi, c’est ainsi que le marché intègre essentiellement les risques réduits d’une récession quant au moment elle survient, à sa durée et peut-être à son ampleur.
Brian Levitt :
C’est intéressant que vous souleviez les années 2015 et 2018, puisque 2015 a été marquée par une hausse de taux, une dévaluation de la monnaie chinoise. En 2018, il y a eu la guerre des échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine. En rétrospective, ces hausses sont-elles dérisoires par rapport à ce que nous venons de connaître : une hausse des taux de 450 points de base en neuf mois? J’essaie de comprendre ce que vous dites. Vous dites que cela ressemble à un atterrissage en douceur. Nous devrons peut-être sombrer encore un peu. Est-ce bien ce que vous voulez dire? Mais nous n’en sommes pas encore là?
Alessio de Longis :
Ce que je veux dire, c’est que le marché est... Il est malavisé de se positionner avec des attributs baissiers, de se positionner en prévision d’une récession pendant trop longtemps. Comme nous le savons tous, le positionnement en prévision d’une récession, qu’il s’agisse de titres de créance, de titres à revenu fixe ou d’actions, est coûteux. Il est difficile d’attendre qu’une récession se produise. Par conséquent, à moins qu’il soit manifeste que cette récession est de plus en plus probable, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Et devant l’absence de nouvelles, ou devant l’amélioration des nouvelles comme la baisse de l’inflation et l’adoucissement du ton des banques centrales dans leur rhétorique de fermeté, ces facteurs sont des catalyseurs d’un meilleur contexte de marché qu’il ne faut pas ignorer.
Ce que je veux dire en fait, c’est que le marché se redresse, mais restons patients parce que la récession finira pas arriver. Non. À vrai dire, je vous remercie d’avoir posé cette question. Il faut que ce soit clair : vous devez être conscients de ce que fait le marché. Lorsque l’économie commence à se détériorer, lorsque vous voyez des failles, que ce soit le taux de chômage ou les écarts de taux, il est encore possible d’être plus prudents et défensifs. Toutefois, à l’heure actuelle, nous observons dans tous les marchés financiers des signes assez convaincants indiquant que nous devrions prendre au sérieux un rebond potentiel de l’activité économique, en particulier, comme Kristina l’a mentionné, dans la région la plus faible, soit en Europe.
Jodi Phillips :
Alessio, aidez-moi à comprendre ce que cela signifie pour les portefeuilles, les investisseurs et la répartition de l’actif. Vous avez parlé de signes convaincants. Ceux qui ont un esprit tactique tentent de déterminer ce qu’ils devraient faire en ce moment, car ils cherchent des signes et des preuves. Quels types d’actifs privilégiez-vous?
Alessio de Longis :
Au cours des derniers mois, comme nous avons commencé à observer un regain de l’appétit pour le risque et une baisse de l’inflation, nous avons recommencé à surpondérer les actions. En d’autres mots, nous croyons qu’il est approprié de recommencer à investir dans des actifs présentant un risque supérieur à la moyenne après avoir été très défensifs au deuxième semestre de 2022. Ces actifs sont des actions, mais surtout des titres de créance risqués. Les écarts de taux sont encore largement supérieurs à leur moyenne à long terme; ils ont commencé à se resserrer, mais ils demeurent importants. Il est encore possible d’obtenir une compensation.
En tant qu’investisseurs, nous avons maintenant la possibilité d’obtenir des taux de rendement de 5 % à 9 %, inégalés au cours des 15 dernières années. Il s’agit donc d’une occasion en or de reconstituer le revenu du portefeuille pour profiter du risque de crédit. Dans ce contexte de marché particulier, le crédit risqué, comme les titres de créance à rendement élevé des marchés émergents, et les prêts bancaires offrent des rendements semblables à ceux des actions, mais avec une volatilité moindre. C’est ce qui est important. Dans le segment des actions, je crois qu’il est approprié de surpondérer légèrement les actions, mais surtout de préférer la valeur à la qualité et les petites et moyennes capitalisations aux grandes capitalisations. Autrement dit, favorisez les secteurs plus cycliques et les styles plus cycliques du marché.
Brian Levitt :
Revenons aux titres à revenu fixe. Lorsque vous parlez de 5 % à 9 %, vous parlez d’un risque de crédit de 9 % et d’un indice obligataire à rendement élevé d’environ 9 %. À votre avis, est-ce suffisant pour compenser les types de cycle de défaillance que nous pourrions avoir?
Alessio de Longis :
C’est une bonne question. Obtenir ce rendement de façon très diversifiée est toujours la meilleure stratégie. Je pense que les défaillances, si elles se produisent, sont... Compte tenu du désendettement de ces secteurs, comment... Nous avons déjà traversé une longue période d’assainissement de la situation d’endettement, tant du côté des consommateurs que du côté des entreprises. Les taux de défauts de paiement, qui augmenteront inévitablement dans le pire des scénarios, ne devraient pas être importants ou systémiques au point d’entraîner un rendement inférieur sur une période mobile de deux ou trois ans pour les titres de créance risqués, à mon avis, surtout pour les titres de base ayant aussi une durée. En ce sens, les titres de créance des marchés émergents et les titres à rendement élevé offrent une durée plus longue que les prêts bancaires, et la durée offre toujours un peu plus de stabilité que les titres de créance les plus purs. Alors oui, sur une période mobile de deux ou trois ans, ces taux sont très intéressants, selon moi.
Brian Levitt :
Maintenant, Kristina me demande toujours quelle est la principale question que me posent les clients. Je vais donc vous poser la question que les clients me posent le plus souvent, Alessio. Lorsque vous pensez à
Alessio de Longis :
Allez-y.
Brian Levitt :
Lorsque vous songez à générer un revenu et que vous voulez le générer à partir par exemple du marché des bons du Trésor, profitez-vous des taux de deux ans à 4,25 % ou allez-vous du côté de la courbe des taux où vous obtenez des taux de seulement 350 points de base pour 10 ans? Une durée plus longue est-elle plus logique si l’économie ralentit?
Alessio de Longis :
C’est une excellente question, qui est vraiment d’actualité en ce moment. Pour la première fois en trois ans, nous délaissons le segment aplati de la courbe des taux. Autrement dit, la courbe des taux est maintenant inversée de 100 points de base pour les bons du Trésor à 10 ans. Pour notre génération, cela n’a jamais été aussi plat. Les seules fois où la courbe des taux s’est inversée davantage, c’était dans les années 1970, et dans les années 1980 où elle a atteint un creux de -150. Il est évident que la situation actuelle de l’inflation se compare à celle-là, mais elle vous donne une idée du profil risque-rendement.
Pour répondre à votre question, nous commençons à délaisser la portion à long terme de la courbe, pour aller là où nous choisissons d’avoir une exposition à la durée. Nous commençons à remonter vers les échéances à deux ans et à cinq ans, où il est maintenant possible d’obtenir des rendements de 4 % ou 4,5 %. Il faut essentiellement doubler ces taux pour que vous perdiez de l’argent sur ces obligations, n’est-ce pas? Surtout sur deux ans, les taux deviennent maintenant très, très intéressants.
Deux ans, évidemment, parce que, d’après nous, la Fed finira par marquer une pause et que le marché commencera à tenir compte d’un certain assouplissement. Que la Fed marque ou non une pause, c’est une autre question, mais le marché commence toujours à tenir compte du début du nouveau cycle. Investir dans des obligations à deux ans et des obligations à trois ans pourrait nous donner un peu plus de répit pour ce qui est de la baisse des rendements, au lieu d’investir dans des liquidités à trois mois. Alors oui, je pense que la portion à court terme de la courbe commence à paraître très intéressante.
Jodi Phillips :
D’accord. Bien, Brian a répondu à la principale question que nous posent les clients. Je vais donc vous poser ma question personnelle préférée, à vous et à Kristina. Quelle est la question que les gens ne vous posent pas? Quel est le sujet dont vous n’entendez pas parler, mais auquel les gens devraient davantage prêter attention en ce moment? Alessio, voulez-vous commencer? J’aimerais également entendre Kristina à ce propos.
Alessio de Longis :
Kristina, je suis très curieux de savoir ce que vous en pensez, mais je suis très étonné par le manque d’intérêt et de questions concernant les actifs autres qu’américains, des marchés émergents, de la Chine et de l’Europe, malgré l’évidence de la fin d’un cycle, la croissance par rapport à la valeur. Le cycle de la politique monétaire non traditionnelle est visiblement terminé. Ces facteurs importants ont contribué à la domination des États-Unis et à leur excellence. Tous ces catalyseurs sont, un par un, en train de se résorber et pourtant, il y a beaucoup de scepticisme à l’égard des placements sur les marchés internationaux. L’euro est passé de 95 cents à presque 1,10 $, et personne ne pose de questions. Selon moi, nous mettons toujours l’accent sur les stratégies tactiques, tactiques et tactiques, mais je crois que ces rotations tactiques signalent probablement le début d’un nouveau cycle à long terme de rotation et de diversification des achats vers des actifs étrangers.
Brian Levitt :
Avant d’entendre l’opinion de Kristina, Alessio, je veux simplement... De toute évidence, le bitcoin est passé de 16 000 à 18 000, et c’est pourquoi personne ne porte attention à l’euro, mais parlons de l’Europe, parce que la situation est très défavorable, n’est-ce pas? Il y a le conflit en Europe de l’Est. Vous craignez que l’Allemagne ne soit même pas en mesure de maintenir ses usines en activité parce qu’elle n’a pas accès aux produits de base nécessaires à leur exploitation. Comment amener les investisseurs à être optimistes à l’égard de l’Europe dans un tel contexte?
Alessio de Longis :
De façon générale, ce que vous venez de décrire me rappelle une leçon que j’ai apprise au fil des ans, à savoir que nous devons toujours trouver du réconfort dans une histoire, et qu’une histoire est toujours logique. Le problème avec les placements axés sur la rhétorique est qu’il faut aussi surveiller le marché, et lorsque les prix changent, la rhétorique est toujours en place, mais les prix changent. Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui?
L’Europe demeure la région la plus vulnérable sur le plan géopolitique et économique dans la situation actuelle, mais nous en tenons compte depuis 12 mois. Autrement dit, comme Kristina l’a mentionné, les indices des directeurs d’achats sont en territoire récessionniste, mais ils commencent à remonter. La confiance des consommateurs a atteint des niveaux historiquement bas, bien en deçà des niveaux de 2008, et elle remonte. Malgré le gel hivernal que nous appréhendions en raison des répercussions sur les prix du gaz naturel et l’approvisionnement en énergie, l’hiver est beaucoup plus doux que prévu.
Il y a tellement de catalyseurs que, encore une fois, si on les considère séparément, la rhétorique n’a pas changé, mais le risque et les prix associés à ces catalyseurs s’améliorent considérablement, et c’est pourquoi les actions européennes réagissent si positivement. Je crois que c’est là la question clé. Il ne faut pas oublier non plus que l’Europe est la région la plus cyclique du monde et que, compte tenu de la réouverture prochaine des échanges commerciaux en Chine, elle demeure l’une des régions qui devraient profiter le plus du point de vue du commerce mondial.
Jodi Phillips :
D’accord. Kristina, à vous de répondre à la question. Quels sont les sujets qui passent inaperçus et qui, selon vous, devraient retenir davantage l’attention des gens en ce moment?
Kristina Hooper :
Je suis tout à fait d’accord avec Alessio pour dire qu’un sujet qui ne suscite pas beaucoup d’intérêt, c’est celui des placements internationaux. L’Europe, les marchés émergents, ce n’est tout simplement pas une priorité pour les investisseurs en ce moment et l’Europe, c’est une question de surpasser les attentes, et c’est ce que nous observons actuellement. Je suis tout à fait d’accord avec Alessio. L’autre sujet dont je n’entends pas assez parler est ce qu’Alessio a appelé, et j’adore ce terme, l’occasion en or de reconstituer un revenu, c’est vraiment le cas. Je pense que certains n’ont pas réalisé à quel point les taux de rendement des obligations de sociétés de qualité supérieure sont élevés, dans un certain nombre de secteurs des titres à revenu fixe. Je pense qu’il n’y a pas suffisamment d’intérêt et de concentration à l’heure actuelle.
Jodi Phillips :
D’accord. Brian, pensez-vous que nous avons bien fait le tour de la question? Avez-vous d’autres questions?
Brian Levitt :
Je suis encore heureux que nous ayons tourné cette page du calendrier, Jodi. N’est-ce pas une meilleure ambiance que ce dont nous parlions au milieu de l’été?
Jodi Phillips :
Oui. La situation s’est beaucoup améliorée, alors regardons comment les choses se présentent. Nous avons encore beaucoup de chemin à faire, mais nous nous sentons beaucoup mieux après cette conversation, c’est certain.
Brian Levitt :
Nous nous sentons beaucoup mieux et nous savons qu’Alessio et Kristina seront avec nous en cours de route pour continuer à nous faire part de leurs points de vue au fur et à mesure que les événements se dérouleront tout au long de l’année.
Jodi Phillips :
Merci beaucoup de vous être joints à nous.
Brian Levitt :
Oui, merci beaucoup.
Alessio de Longis :
Merci de nous avoir invités.
Jodi Phillips :
Bonne année!
Kristina Hooper :
Bonne année!
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© Invesco Canada Ltée, 2022
Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) est un comité de 12 membres qui se réunit régulièrement pour établir la politique monétaire, y compris les taux d’intérêt imputés aux banques.
Le graphique à points de la Réserve fédérale américaine lui sert à illustrer ses prévisions à l’égard des taux d’intérêt.
Selon Bloomberg, le taux des fonds fédéraux était de 90 points de base au 31 décembre 2021 et de 450 points de base au 31 décembre 2022.
Le taux des fonds fédéraux est le taux auquel les banques se prêtent des soldes au jour le jour.
Un point de base correspond à un centième de point de pourcentage.
Le resserrement quantitatif est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour normaliser leur bilan.
L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure la variation des prix à la consommation, telle que déterminée par le Bureau of Labor Statistics des États-Unis.
Les indices des directeurs d’achats sont fondés sur des enquêtes mensuelles menées auprès de sociétés du monde entier et évaluent les conditions économiques dans les secteurs de la fabrication et des services.
Information sur la croissance économique du Bureau of Economic Analysis des États-Unis.
Information du Bureau of Labor Statistics des États-Unis sur le taux de chômage au 31 décembre 2022.
Information sur les écarts de taux de Bloomberg, au 31 décembre 2022. Selon l’écart rajusté des options de l’indice des obligations de sociétés américaines Bloomberg.
L’indice Bloomberg US Corporate Bond mesure le rendement du marché des obligations de sociétés imposables à taux fixe de qualité supérieure.
L’écart ajusté en fonction des options est la mesure de l’écart entre le taux d’un titre à revenu fixe et le taux de rendement sans risque, qui est ensuite ajusté pour tenir compte d’une option intégrée, comme une option de rachat, anticipé ou non.
La référence aux occasions de rendement allant de 5 % à 9 % est fondée sur les rendements les plus faibles de l’indice Bloomberg US Corporate Bond et de l’indice Bloomberg US High Yield Corporate Bond au 31 décembre 2022.
L’indice Bloomberg US Corporate High Yield Bond suit le rendement des obligations de sociétés de qualité inférieure libellées en dollars américains et émises sur le marché intérieur américain.
Le taux de rendement le plus faible est celui qu’un investisseur peut obtenir sur une obligation sans que l’émetteur soit en défaut de paiement.
La durée mesure la sensibilité du cours (la valeur du principal) d’un instrument à revenu fixe aux variations des taux d’intérêt. Elle est exprimée en années.
Information sur les taux des obligations du Trésor de 2 ans, 5 ans et 10 ans de Bloomberg au 31 décembre 2022.
Les données sur les courbes de taux inversées actuelles et historiques proviennent de Bloomberg, au 31 décembre 2022. Selon l’écart entre les taux des obligations du Trésor américain à 3 mois et à 10 ans.
La courbe des taux représente à un moment précis les taux d’obligations de qualité égale, mais assortie de dates d’échéance différentes, afin de prévoir l’évolution des taux d’intérêt et de l’activité économique.
Une courbe des taux inversée est une courbe dans laquelle les obligations à court terme offrent un rendement supérieur à celui des obligations à long terme de même qualité.
Information de Bloomberg sur le niveau de l’euro. Selon la variation du taux de change entre l’euro et le dollar américain d’octobre 2022 au 12 janvier 2023.
Information de Bloomberg sur le prix du Bitcoin. Selon la variation du cours d’un Bitcoin entre le début de 2023 et le 12 janvier 2023.