Marchés et économie

Au-dessus de la mêlée : Points de repère à l'amorce d'un nouveau cycle

Au-dessus de la mêlée : Points de repère à l'amorce d'un nouveau cycle
Points importants à retenir
Angoisse saisonnière
1

J’estime qu’il est de ma responsabilité annuelle de rappeler aux investisseurs que le vieil adage qui dit : « il vaut mieux tout liquider en mai, puis s’en aller » ne s’applique pas toujours.

Inquiétudes causées par le dollar
2

Bien que je sois favorable à une certaine diversification vers des actifs autres que le dollar, je pense que les inquiétudes actuelles concernant le dollar américain sont exagérées.

Nouvelles du système bancaire
3

Les autorités monétaires semblent avoir stabilisé la situation des petites banques. Le pire de l’exode des dépôts est passé et les prêts des petites banques commerciales ont augmenté depuis la mi-mars.

« Moi, inquiet. Où allez-vous chercher ça? » Le décès récent d'Al Jaffee, légendaire bédéiste du magazine satirique Mad, m'a incité à explorer l’univers de ce célèbre magazine. La nostalgie a certes joué un rôle, mais ce sont les photos de couverture emblématiques d'un Alfred E. Neuman imperturbable et son célèbre slogan qui m'ont absorbé. Les références à la culture populaire et les insultes politiques du magazine ont changé au fil du temps, mais l’insouciance d'Alfred (et son sourire espiègle) n’a pas changé.

L'attitude détendue d'Alfred s’apparente à celle des investisseurs, mais se situe à l'opposé du spectre. Entre l'inflation et le resserrement de la politique monétaire, les faillites des banques et les craintes de récession, sans oublier les préoccupations entourant le plafond de la dette et {insérez la peur du jour}, la devise des investisseurs est « Oui, je suis inquiet ». Le temps passe et les crises vont et viennent, mais l'inquiétude reste, et c'est précisément pour cela que trop d'investisseurs ratent les reprises du marché qui précèdent les nouveaux cycles économiques.

Les inquiétudes du jour (resserrement de la politique monétaire, ralentissement de la croissance, faillites bancaires) ne sont que des points de repère à l’amorce d’un nouveau cycle. Si nous pensons à ce qui pourrait mal tourner, le marché en a fait autant. C'est pourquoi, même lorsque nos plus grandes craintes se réalisent (par exemple, les faillites bancaires en mars), la réaction du marché n’est peut-être pas celle à laquelle nous nous attendions. Ou, comme le dirait Alfred E. Neuman : « En rétrospective, il est évident que le recul est définitivement surestimé! »

Comme toujours, nous essayons de nous élever au-dessus de la mêlée et de mettre tout cela en perspective.

Stratégie qui mise sur la simplicité

Commençons par répondre à trois questions simples.

1. À quelle étape du cycle du marché américain en sommes-nous?

À la fin. Il y a presque autant d'économistes qui prédisent une récession qu'il y a de dentistes qui recommandent la gomme Trident aux patients qui mâchent de la gomme.1 Heureusement, la probabilité historique que les marchés affichent des rendements négatifs en période de récession est à peu près aussi bonne que celle d'un tirage à pile ou face.2

2. Que nous dit le marché sur l'orientation de l'économie américaine?

Le marché continue de pointer vers un ralentissement de la croissance économique. Dans l’ensemble, les actions et les obligations de qualité supérieure obtiennent les meilleurs rendements depuis le début de mars.3

3. Comment la Réserve fédérale américaine (Fed) réagira-t-elle?

Le resserrement de la politique monétaire tire à sa fin. La variation sur 6 mois en pourcentage de l’indice américain des prix à la consommation se chiffre à 1,7 %!4

Les marchés ont tendance à bien se comporter au cours des périodes de 1 et 2 ans qui suivent les pics d’inflation et la fin des cycles de resserrement de la Fed.5 Pourquoi? C’est généralement ainsi que commencent les nouveaux cycles de marché.

L’angoisse saisonnière

J'estime qu'il est de ma responsabilité annuelle de rappeler aux investisseurs que le vieil adage qui dit : « il vaut mieux tout liquider en mai, puis s’en aller » ne s’applique pas toujours. Je ne comprends pas très bien pourquoi on nous dit de tout liquider en mai et de revenir sur les marchés en novembre. Certaines années, cela fonctionne (comme en 2022).6 Et parfois, je vais jouer au golf. Mais, souvent, je n’y vais pas. Le problème de cette stratégie saisonnière est que, plus souvent qu’autrement, elle ne fonctionne pas et qu’à long terme, elle peut coûter cher aux investisseurs.

Par exemple, un investissement hypothétique de 1 000 $ investi dans l’ensemble du marché boursier américain de janvier 1928 à décembre 2022 aurait valu 6,3 millions de dollars à la fin de cette période. Si ce même placement avait été liquidé le 1er mai de chaque année et réinvesti dans des bons du Trésor, pour ensuite être réinvesti sur le marché boursier le 1er novembre, il aurait valu 2,4 millions de dollars à la fin de cette même période, soit près de 4 millions de dollars de moins!7

Peut-être que l'adage aurait dû être : « Oubliez que nous sommes en mai car avec le temps, vos placements vont rapporter ».

C’est peut-être un biais de confirmation, mais…

… les autorités monétaires semblent avoir stabilisé la situation des petites banques. Le pire de l’exode des dépôts est passé et les prêts des petites banques commerciales ont augmenté depuis la mi-mars.8 Le resserrement des conditions de crédit va probablement continuer de nuire à l'économie, mais une crise financière systémique semble avoir été évitée.

Les dépôts et les prêts ont recommencé à augmenter dans les petites banques

Source : Réserve fédérale américaine, 5 avril 2023 Selon les plus récentes données disponibles.

Vu que vous avez posé la question

Un spécialiste en placement m'a dit que les craintes suscitées par l’avenir du dollar américain ont généré « plus d'appels entrants que beaucoup d’autres enjeux récents dont je me souviens ». Je serais tenté de lancer le drapeau rouge pour contester cette affirmation, mais je ne veux pas risquer de perdre mes temps morts aussi tôt dans l'année.

Les récentes inquiétudes concernant le dollar américain découlent A) des craintes selon lesquelles la Chine a demandé aux producteurs de pétrole d'accepter des paiements en yuans au lieu d’en dollars, et B) d'un commentaire récent du président russe Vladimir Poutine, qui a dit que la Russie « est favorable à l'utilisation du yuan chinois pour les échanges commerciaux entre la Russie et les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. »9

Le dollar américain est-il sur le point de devenir du « papier hygiénique », pour reprendre l’hyperbole de l'auteur de « Rich Dad, Poor Dad », Robert Kiyosaki?

Non.

  • Vu la taille de l'économie chinoise, on pourrait s'attendre à ce que le yuan chinois joue un rôle plus important dans le commerce international au fil des ans.
  • Néanmoins, le dollar américain ne perdra probablement pas son statut de monnaie de réserve de sitôt. Pour paraphraser l'économiste Paul Krugman, lauréat du prix Nobel, « la titularisation importe ». Tout le monde utilise déjà le dollar. Changer de devise serait très laborieux. Les marchés américains sont ouverts, ce qui signifie que les États-Unis n'imposent pas de contrôle sur l'argent qui entre et sort du pays. Et, la règle de droit des États-Unis est bien comprise.
  • Même si on pousse l’exemple à l'extrême et qu’on suppose que le dollar perd son statut de monnaie de réserve au cours du présent siècle, alors que se passera-t-il? La même chose est arrivée à la livre sterling après que les États-Unis sont devenus l'hégémonie mondiale après les guerres mondiales. La livre sterling est-elle devenue du « papier hygiénique »? Absolument pas.

Cela étant dit, je serais favorable à la diversification d'une partie des portefeuilles dans des actifs non libellés en dollars américains, d'autant plus que les valorisations semblent plus attrayantes en dehors des États-Unis.10

240 secondes de gloire

Ce nouveau segment a pour but de vous faire part de mon vécu dans le merveilleux monde de la télé en direct.

Réglons tout d'abord les questions qui nous sont posées chaque fois.

  • Êtes-vous nerveux? Autrefois oui.
  • Connaissez-vous les questions à l'avance? Non.
  • Dites-vous à tous ceux que vous connaissez quand vous passerez à la télé? Non. Je le dis à ma mère. Je crois que cela la rend fière.
  • Comment est {nom de l’animateur}? Très sympathique avec moi.

L'idée de ce segment m’est venue alors que je tentais désespérément de défendre mon point de vue tandis qu'un autre invité contredisait mon argument initial, le tout, pendant que l'animateur nous envoyait à la pause publicitaire.

font l’objet d’un rajustement.

Moi : Puis-je intervenir?

L’animateur : On vous revient tout de suite après la pause.

Moi (un peu contrarié) : Non! Attendez! Je veux simplement dire que les valorisations ont tendance à augmenter lorsque les bénéfices et les taux d'intérêt baissent. Les bénéfices vont diminuer, mais cela ne signifie pas nécessairement que le creux du marché n'est pas derrière nous.

Tant pis. Comme disait Karl Marx, "Les derniers mots sont pour les imbéciles qui n'en ont pas assez dit."

Automatiser mon travail?

Chaque mois, je pose une question à ChatGPT, robot conversationnel qui a recours à l’intelligence artificielle (IA), et j’évalue sa réponse.

Q : Le Congrès américain pourra-t-il relever le plafond de la dette sans incident?

R : « Par le passé, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu à de nombreuses reprises et il est probable qu'il le sera à nouveau à l'avenir. »

Je suis d’accord. Peut-être que ChatGPT va me voler mon emploi plus tôt que je ne le pensais? Le mois prochain, je lui demanderai peut-être comment fonctionne le revenu de base universel.

Pour ne pas me faire damer le pion par un robot, j'ajouterais qu'il est peut-être plus facile de relever le plafond de la dette en 2023 que ça ne l’était en 2013. En 2013, les républicains détenaient une forte majorité à la Chambre des représentants, si bien que l'Administration Obama a eu du mal à obtenir l’appui de suffisamment de membres de la Chambre pour faire adopter une augmentation du plafond de la dette sans avoir à faire d’énormes compromis.

Cette fois-ci, la majorité républicaine à la Chambre est beaucoup plus faible. Si tous les démocrates de la Chambre votent en faveur de l’augmentation du plafond de la dette, il ne manquera que six votes républicains pour qu’elle soit adoptée.

Conversations sur les marchés

Bert Crouch, gestionnaire de portefeuille à Invesco Real Estate, a participé au dernier épisode de Conversations sur les marchés pour remettre en perspective les craintes grandissantes concernant le marché immobilier commercial américain et nous expliquer comment les anomalies de cours créent des occasions de placement.

Cet épisode est actuellement en production, mais surveillez sa sortie la semaine prochaine. Inscrivez-vous aux courriels de la chronique Points de vue pour savoir quand elle est mise en ligne.

L'immobilier commercial sera-t-il le proverbial « prochain malheur » à s’abattre sur l'économie mondiale?

  • Il y a des vents contraires évidents, notamment les taux d'intérêt plus élevés et les conditions de crédit plus strictes des banques régionales.
  • Heureusement, l'endettement aujourd’hui, par rapport à la crise financière mondiale, est plus faible alors que les ratios de couverture du service de la dette étaient beaucoup plus élevés.
  • Les périodes difficiles font surgir de bonnes occasions de placement. Nous voulons saisir celles qui se présentent.

Justement, quelles sont ces fameuses occasions?

  • Tandis que les banques resserrent les conditions de crédit des sociétés immobilières commerciales, Invesco Real Estate est disposée à combler le déficit de financement en accordant des prêts à des conditions considérées comme favorables.
  • Par ailleurs, nous nous positionnons comme un acquéreur d'actifs immobiliers de grande qualité alors que les banques régionales réduisent leur exposition à l'immobilier commercial.

Les occasions de placement structurelles à long terme ont-elles changé?

  • Non. Nous nous attendons à ce que la demande d'appartements à louer continue de croître dans un environnement où la nouvelle offre reste faible. Le vieillissement de la population continue de soutenir les sociétés de sciences de la vie, y compris les centres de recherche et développement ainsi que les hôpitaux. Nous croyons que les expériences omnicanales vont continuer de transformer les locaux commerciaux et que la demande d’installations de cybercommerce va soutenir l’immobilier industriel.

Sur la route

Je me suis rendu à Del Mar, en Californie, pour un événement à l’intention des conseillers. Hélas, je n'ai pas eu de répit du temps hivernal. La température dans le sud de la Californie a oscillé autour de 10 degrés Celsius pendant la majeure partie de mon séjour. Comme pour me narguer, le temps à New York était exceptionnellement doux. Au moment où je devais rentrer chez moi, le soleil se levait sur l'aéroport international de San Diego tandis que la température dans le nord-est avait chuté de plus de 20 degrés Celsius.

Je n'ai pas pu m'empêcher de faire des parallèles entre mon mauvais “timing” météo et les efforts futiles des investisseurs pour synchroniser leurs opérations avec le marché. Je me sentais comme si je vivais dans un graphique en courtepointe!

Vivement le mois de mai

Voici enfin venu le retour du temps doux et agréable et l'avènement d'un nouveau cycle.

Bonne fête des mères à toutes les mamans. Comme le disait Abraham Lincoln, « Tout ce que je suis ou espère être, je le tiens de ma mère. » J’en suis parfaitement conscient.

Notes de bas de page

  • 1

    Source : National Association for Business Economics, 28/2/2023.

  • 2

    Source : Bloomberg, 3/2023. L’indice S&P 500 a dégagé un rendement positif 45 % du temps au cours des 10 dernières récessions. Selon les dates de récession telles que définies par le National Bureau of Economic Research : août 1957 à avril 1958, avril 1960 à février 1961, décembre 1969 à novembre 1970, novembre 1973 à mars 1975, janvier à juillet 1980, juillet 1981 à novembre 1982, juillet 1990 à mars 1991, mars à novembre 2001, décembre 2007 à juin 2009 et février à avril 2020. 

  • 3

    Source : Bloomberg, 3/2023. Rendement des actions selon l’indice S&P 500 Quality (6,12 %) comparativement à l'indice S&P 500 (5,38 %) du 1/3/2023 au 18/4/2023. Rendement des obligations selon le rendement de l'indice Bloomberg US Aggregate Bond (+2,91 %) comparativement à l'indice Bloomberg US Corporate High Yield Bond (+1,78 %) du 1/3/2023 au 21/4/2023.

  • 4

    Source : U.S. Bureau of Labor Statistics, 31/3/2023.

  • 5

    Réserve fédérale américaine, 23/3/2023. Résultats fondés sur le rendement de l'indice S&P 500 sur les périodes de 1 et 2 ans qui ont suivi les pics d'inflation de février 1970, décembre 1974, mars 1980, décembre 1990 et juillet 2008.

  • 6

    L’indice S&P 500 a chuté de 5,50 % du 1/5/2022 au 31/10/2022. La stratégie qui consiste à « tout liquider en mai » aurait permis d’éviter cette perte.

  • 7

    Source : Factset, au 31/12/2022. Représenté par l’indice Dow Jones des valeurs industrielles.

  • 8

    Source : Réserve fédérale américaine, 5/4/2023. Résultats fondés sur la croissance des dépôts et des prêts des petites banques commerciales à charte américaines.

  • 9

    Source : Washington Post, 24/3/2023

  • 10

    Source : Bloomberg, L.P., 31/3/2023. Résultats fondés sur les ratios cours-bénéfice (C-B) de l'indice S&P 500, de l'indice MSCI Marchés émergents et de l'indice MSCI Europe.

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