L’inflation aux États-Unis a atteint un sommet en 40 ans, entraînée par la hausse des coûts des aliments et de l’énergie ainsi que par l’augmentation des prix du logement. Au cours de la dernière année, l’indice général des prix à la consommation (IPC) a grimpé de 8,6 %, ce qui a poussé la Réserve fédérale américaine (Fed) à resserrer davantage sa politique monétaire afin de rétablir la stabilité des prix.4
L’IPC de base des États-Unis, qui exclut les aliments et l’énergie, semble avoir plafonné et le taux d’inflation des biens durables diminue. Néanmoins, le taux annualisé est plus élevé que prévu, car la hausse des coûts des produits de base et des services continue de perturber les marchés et d’exercer des pressions sur la Fed.5
La confiance des investisseurs a recommencé à se détériorer vendredi matin, après que ces résultats ont été rendus publics dans un contexte de resserrement de la politique monétaire, et c’est l’indice composé Nasdaq, à forte composante technologique, qui a été le plus durement touché.6
- Les marchés s’attendent désormais à neuf ou dix hausses de taux d’intérêt d’ici le début de 2023, dont des hausses de 50 points de base aux trois prochaines réunions du Federal Open Market Committee (FOMC).7
- Les taux ont augmenté sur toute la courbe des bons du Trésor américain, mais le taux des bons à 2 ans a augmenté beaucoup plus que celui des émissions à 10 ans. L’aplatissement de la courbe des taux devrait être considéré comme un signe avant-coureur d’une détérioration de la situation économique, mais n'est habituellement pas un signe de récession imminente.8
- Le dollar américain s’apprécie car l’anticipation de taux plus élevés aux États-Unis et la possibilité d'une détérioration de l'activité économique incitent les investisseurs à investir dans le billet vert.9
Répercussions
Le risque pour le cycle économique actuel est élevé. Les cycles ne prennent pas fin d'eux-mêmes; leur fin découle presque toujours du resserrement de la politique monétaire. Nous nous attendons à ce que les marchés demeurent très volatils en raison de l'incertitude qui persiste en matière de politique monétaire et du resserrement des conditions financières.
Nous prévoyons une modération de l'inflation pendant l’année en raison des effets de base et du ralentissement de la demande des consommateurs, mais nous reconnaissons que les risques que cela ne se produise pas ont augmenté. La récente modération des prix des biens nous rassure, mais l’inflation des services et des produits de base demeure obstinément élevée.
Depuis la mi-mars, les marchés indiquent que l’économie se trouve davantage dans une phase d’expansion (les actions surclassent les obligations, les obligations à rendement élevé dépassent les bons du Trésor, les titres de valeur l’emportent sur les titres de croissance, tandis que les taux d’intérêt et les prix des produits de base augmentent).10 Néanmoins, l’économie devrait ralentir à mesure que la Fed va resserrer sa politique monétaire et que les consommateurs vont devoir composer avec la hausse des prix des aliments et du logement.
Dans la phase de ralentissement du cycle, nous privilégions toujours quelque peu les actions, mais prévoyons que la volatilité va persister dans un contexte d’incertitude à l’égard de la politique monétaire, que les rendements vont diminuer et que les rendements des indices boursiers vont fluctuer de manière plus extrême. À notre avis, les entreprises de qualité supérieure, dotées d’un pouvoir d’établissement des prix et d’un meilleur potentiel de bénéfices, vont probablement obtenir des rendements supérieurs à la moyenne si les conditions financières se resserrent.
Conclusion
L'inflation et le resserrement de la politique monétaire de la Fed accélèrent la fin des cycles économiques. Nous pensons toujours que notre scénario de base va se concrétiser. Il prévoit que les pressions inflationnistes vont s’atténuer lorsque la demande des consommateurs va ralentir et que les problèmes d’approvisionnement vont se résorber lorsque les travailleurs vont retourner dans les usines. Cela étant dit, nous reconnaissons que les probabilités d’un scénario « d’inflation persistante », dans le cadre duquel les banques centrales risquent de trop resserrer leur politique monétaire et de juguler la croissance économique, demeurent très élevées.