Le mois de juin a été un autre mois positif pour les obligations. L’indice Bloomberg US Aggregate Bond a progressé d’environ 1,5 % et l’indice Bloomberg US Corporate Bond, d’environ 1,8 %; les deux indices se sont accrus d’un peu plus de 4 % depuis le début de l’année1. Nous abordons ces rendements, les dispositions prises par la Réserve fédérale américaine (Fed) et l’économie dans nos questions et réponses mensuelles.
Craig : Selon vous, quel a été le catalyseur des rendements obligataires?
Matt : L’année a été meilleure que prévu, compte tenu des perturbations découlant des droits de douane et de l’inflation. Selon moi, c’est parce que l’économie a été résiliente. L’inflation n’a pas été aussi grave que ce que les gens craignaient et, même si les droits de douane ont fait les manchettes, ils n’ont pas été aussi dissuasifs que prévu du point de vue inflationniste. Toutefois, cela pourrait changer à mesure que nous verrons plus de données. Dans l’ensemble, nous pensons que cela signifie que la Fed devrait réduire les taux à un moment donné cette année. Cette situation a incité certains participants au marché à anticiper des réductions potentielles et à accroître leur appétit pour le risque.
Craig : Le marché estime que nous assisterons à des réductions en septembre et en décembre. Êtes-vous d’accord avec cela, surtout si l’inflation demeure plus stable? Ou pensez-vous que le marché est un peu audacieux sur le plan des attentes de baisses?
Matt : Si l’on examine les données économiques, en particulier en ce qui a trait à l’emploi, on constate un ralentissement. Toutefois, nous avons vu récemment un nombre satisfaisant de postes à pourvoir et de données sur la paie. C’est donc bien. Mais dans l’ensemble, l’économie ralentit. La politique monétaire est actuellement restrictive, ce qui signifie que l’économie ralentira davantage, ce que la Fed ne souhaite pas selon moi. Même si elle a fait preuve de résilience, je crains que la Fed accuse un retard sur la courbe des taux si elle ne procède pas à des réductions plus tôt. J’estime qu’elle devrait réduire les taux en juillet, mais je ne pense pas qu’elle le fera. D’après moi, le président de la Fed, Jerome Powell, préparera le terrain pour une baisse et expliquera ensuite ses prévisions concernant les taux lors du symposium économique de Jackson Hole en août. Nous pensons que la Fed abaissera sans doute les taux en septembre, et si elle tire de l’arrière, il pourrait y avoir deux autres baisses d’ici la fin de l’année. Ironiquement, plus tôt elle procédera à ses réductions, moins elle devra abaisser les taux dans l’ensemble.
Craig : Parlons des écarts de taux. L’indice S&P 500 a terminé le mois de juin à de nouveaux sommets et juillet a également été un mois solide par le passé. Pourquoi les écarts de taux peinent-ils à suivre le rythme sur le marché?
Matt : Il a été un peu frustrant de voir les écarts de taux dériver et se resserrer légèrement en juin, tandis que les actions ont fluctué. Selon nous, l’économie se portera assez bien et bon nombre des manchettes négatives finiront par disparaître. Cela permettrait aux marchés de rebondir, ce qui signifie habituellement que les écarts de taux peuvent se resserrer. Pour l’instant, ce n’est pas ce qui s’est produit. Je pense que deux raisons justifient cette situation. Premièrement, les écarts de taux étant déjà étroits, il est plus difficile de les resserrer. Deuxièmement, les taux dans leur ensemble ont diminué. Les taux de l’indice des obligations de catégorie investissement ont atteint de 5 % à 5,50 % toute l’année2. Plus les taux ont monté dans de cette fourchette, plus il y a eu d’acheteurs et, plus ils ont descendu, plus les investisseurs se sont souciés des coûts. Ils ont été un peu plus pointilleux à la limite inférieure de la fourchette de taux.
En ce moment, les investisseurs institutionnels se sont légèrement retirés, mais je pense que c’est sans compter les investisseurs individuels qui attendent d’entrer sur le marché obligataire. J’estime qu’avec un rendement total de plus de 4 % depuis le début de l’année3, nous pourrions les voir revenir. C’est peut-être en raison d’une certaine crainte de rater quelque chose qu’ils souhaitent recommencer à y investir, avant que les taux baissent considérablement.
Craig : Le marché semble presque en pause estivale en ce moment. Les actions ont atteint des sommets records et les écarts de taux n’ont jamais été aussi étroits. Pensez-vous qu’il y a eu un peu de complaisance dans ce type de contexte?
Matt : Il y a probablement une certaine complaisance, mais, dans l’ensemble, je crois que beaucoup de bonnes choses ne sont pas toujours déclarées. Je continue de penser que l’économie se porte bien. Les données fondamentales ont été bonnes du point de vue du bilan, alors il n’y a vraiment aucune raison de paniquer. Je pense que les écarts de taux pourraient se resserrer à partir de maintenant.