Qu’il s’agisse de la possible paralysie du gouvernement américain, du retour des négociations tarifaires ou des défis politiques et budgétaires en Europe, les marchés ont beaucoup de choses à prendre en compte actuellement. Nous ne voyons aucune raison pour laquelle les choses seront plus faciles au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Mais difficile ne veut pas dire mauvais. Même si les actions ont fait un petit pas vers le bas par rapport au « mur de l’inquiétude » proverbial la semaine dernière, nous nous attendons à ce que les marchés reprennent leur ascension. Toutefois, comme toujours, les investisseurs devraient choisir avec soin leurs prises de main afin de trouver la meilleure voie à parcourir.
Les actions font un petit pas vers le bas par rapport au « mur de l’inquiétude »
Les marchés boursiers ont éprouvé des difficultés la semaine dernière, l’indice S&P 500 ayant inscrit son pire rendement hebdomadaire en près de deux mois1. Au cours de cette période, les investisseurs ont dû composer avec l’incertitude géopolitique persistante, les inquiétudes à l’égard de la croissance intérieure et le fléchissement des données sur l’emploi. Les marchés ont cependant été soutenus par la résilience des bénéfices2, des attentes d’inflation stables3 et la perspective d’un assouplissement de la politique monétaire4.
Alors, pourquoi prendre du recul maintenant? Certains soulignent le ralentissement de la croissance, citant le fléchissement des données sur l’emploi aux États-Unis5, tandis que d’autres soutiennent que la croissance est trop forte, ce qui signifierait moins de réductions de taux. La semaine dernière, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis au deuxième trimestre a été révisé à la hausse en raison de la résilience soutenue de la consommation6. Des facteurs saisonniers et des craintes à l’égard d’une possible paralysie du gouvernement américain ont également été évoqués. Bien qu’une paralysie puisse entraîner de la volatilité, l’histoire montre que l’incidence sur les marchés est limitée. Il y a eu 21 paralysies du gouvernement américain depuis 1976, qui ont duré en moyenne huit jours, et l’indice S&P 500 a enregistré un rendement modeste de 0,1 % au cours de ces périodes7. Dans l’ensemble, nous sommes d’avis que le repli s’explique par la combinaison de tous les facteurs ci-dessus.
Selon nous, les récentes baisses représentent une consolidation potentielle à court terme, après une solide progression. Rien de plus inquiétant que cela. L’économie américaine se trouve probablement au milieu du cycle et il y a encore peu de signes de récession. Nous continuons de croire que les réductions de taux et une possible réaccélération de l’activité économique soutiendront les gains des marchés boursiers à l’approche de la fin de l’année et du début de 2026. Les replis sont sains et normaux.
Les paralysies du gouvernement américain ne sont pas inhabituelles
Si le Congrès n’adopte pas de projet de loi de dépenses ou une résolution de continuation d’ici le 30 septembre à minuit, certaines parties du gouvernement commenceront à fermer temporairement. Cela semble probable en raison de l’impasse partisane entourant les dépenses fédérales. En cas de paralysie, les services essentiels comme le contrôle de la circulation aérienne, la sécurité sociale, le programme Medicare et les opérations militaires se poursuivront. Les travailleurs non essentiels pourraient être mis à pied provisoirement et des agences comme la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et le National Park Service (NPS) fermeront leurs portes.
L’incidence économique devrait être modeste. Seulement environ 3 % des dépenses publiques sont non essentielles8 et le taux d’emploi au gouvernement fédéral se situe à un creux record par rapport à l’ensemble de la main-d’œuvre9. Néanmoins, près de 3 millions de travailleurs fédéraux pourraient être touchés, les travailleurs essentiels recevant des reconnaissances de dette jusqu’à ce que le financement reprenne10. Une certaine volatilité du marché est à prévoir, mais l’histoire montre que les paralysies gouvernementales ont tendance à se produire sans incident important sur les marchés11.
Les droits de douane font de nouveau les manchettes
Les droits de douane font de nouveau les manchettes, le président Trump ayant annoncé une nouvelle série de droits sectoriels. Il s’agit notamment de droits de douane de 100 % sur les produits pharmaceutiques de marque, de 50 % sur les armoires de cuisine (une mesure bizarrement spécifique à notre avis) et de 30 % sur les meubles rembourrés.
Situation économique contrastée
Les données économiques mondiales publiées la semaine dernière brossent un tableau contrasté. Aux États-Unis, le PIB du deuxième trimestre a été révisé à la hausse de façon importante12, en partie grâce à la vigueur soutenue de la consommation. Même si le marché de l’emploi montre des signes de ralentissement, le nombre de demandes de prestations d’assurance-chômage est demeuré faible13, ce qui donne à penser que les entreprises sont toujours réticentes à licencier leurs travailleurs. De plus, l’indice des directeurs d’achats du secteur des services des États-Unis est demeuré en territoire expansionniste, ce qui a renforcé la résilience de l’économie intérieure14.
À l’extérieur des États-Unis, les données sont moins encourageantes. Les indices des directeurs d’achats de la zone euro et du Royaume-Uni ont fait état d’une contraction de l’activité manufacturière15, tandis que la production manufacturière de la Chine est tombée à son plus bas niveau des 12 derniers mois, ce qui témoigne des tensions économiques dans la région16.
Commentaires contrastés des membres de la Fed
De nombreux membres de la Réserve fédérale américaine (la Fed) se sont exprimés la semaine dernière. Le message a été contrasté dans l’ensemble du groupe, mais cohérent par rapport aux commentaires précédents de chaque personne. Steven Miran a défendu son point de vue très conciliant en disant qu’il préférait être « proactif » plutôt que d’attendre une « catastrophe gigantesque »17. Les propos tenus par d’autres personnes étaient moins exagérés, Austan Goolsbee affirmant qu’il était « un peu mal à l’aise en raison de l’engouement excessif »18 et Jeffery Schmid indiquant que les données « demeurent largement équilibrées »19.
Enjeux politiques et budgétaires en Europe
Les taux obligataires au Royaume-Uni et en France ont augmenté la semaine dernière, alors que les deux pays sont confrontés à des difficultés politiques et budgétaires croissantes. Le gouvernement du Royaume-Uni est de plus en plus enlisé dans les conflits internes et les contestations externes à l’égard du premier ministre Keir Starmer. Cela limite sa capacité à adopter les politiques nécessaires pour regagner la confiance du marché obligataire à l’égard de la situation budgétaire du Royaume-Uni. Selon nous, les rumeurs d’une crise au Royaume-Uni sont exagérées, mais les difficultés sur le marché obligataire devraient persister au moins jusqu’à la fin de novembre, lorsque le budget sera déposé. En France, le premier ministre Sébastien Lecornu peine toujours à adopter un budget qui réduit le déficit, alors que divers groupes politiques luttent à l’Assemblée nationale.