
Marchés et économie Au-dessus de la mêlée : L’incertitude à l’égard des politiques persiste
On a beaucoup parlé des défis du contexte de placement actuel. Il est donc peut-être plus intéressant de parler de ce qui pourrait bien marcher.
Les cycles de resserrement de 1984 et de 1990 ont donné du fil à retordre aux banques, mais n’ont pas entraîné de profondes récessions ni menacé de provoquer l’effondrement du système financier mondial.
La qualité des actifs bancaires est, somme toute, très bonne.1 Il s’agit plutôt d’un problème de financement et de liquidité.
C’est souvent ainsi que les cycles de resserrement se terminent. Les autorités monétaires sont prêtes à réagir et le système financier devrait être en mesure de résister à de tels chocs.
Les fantômes de la crise financière mondiale de 2008 nous hantent encore. On craint de plus en plus que des faillites bancaires très médiatisées, comme celle de la Silicon Valley Bank (SVB) et de la Signature Bank, exposent l’interconnectivité du système financier mondial et aient un effet domino. En 2008, la situation s’était transformée en véritable jeu de la taupe pour les autorités monétaires et n’a été résolue que lorsqu’une aide financière colossale a été accordée à l’ensemble du système. Malheureusement, à ce moment-là, le marché boursier américain avait déjà chuté de près de 60 %.2 Pas étonnant donc que les trois faillites bancaires des derniers jours et la crise de confiance à l’égard de Credit Suisse inquiètent les investisseurs. Après tout, Credit Suisse est plus gros que Lehman Brothers. Cela étant dit, a-t-on raison de faire un lien avec la situation de 2008?
Les crises financières font partie intégrante des cycles de resserrement. Cependant, toutes les crises n’ont pas ressemblé à celle de 2008. Par exemple, le cycle de resserrement de 1983-1984 a abouti à une ruée aux guichets de la banque Continental Illinois, alors septième plus grande banque des États-Unis.3 De même, la crise des sociétés d’épargne et de crédit de 1990 a éclaté après une période de resserrement marqué de la politique monétaire. Plus de 1 000 institutions financières ont fait faillite parce que les coûts d’emprunt toujours plus élevés dépassaient les revenus générés par les prêts qu’elles avaient consentis.4 Néanmoins, les événements de 1984 et de 1990, bien qu’éprouvants, n’ont pas entraîné de profondes récessions ni menacé de provoquer l’effondrement du système financier mondial. Les faillites bancaires sont monnaie courante, moins lorsque les taux sont à zéro, mais elles n’ont pas toujours mené à la catastrophe.
Une caractéristique fondamentale de la crise financière mondiale de 2008 a été que bon nombre des banques les plus grandes et les plus interconnectées aux États-Unis sont devenues insolvables. C’était le résultat direct de leur exposition à effet de levier au marché immobilier américain. Les actifs comme les titres adossés à des créances hypothécaires, par exemple, valaient beaucoup moins que le montant indiqué et l’effet de levier était nettement supérieur à ce qui avait été déclaré. Les banques ont fait faillite à cause des prêts irrécouvrables et des mauvaises pratiques d’évaluation du risque de crédit. Vous souvenez-vous des prêts NINJA, acronyme de « no income, no job, no assets » (autrement dit des prêts consentis à des gens qui n’avaient pas de revenus, pas d'emploi, pas d'actifs)?
Nous ne sommes pas en présence de ce type de prêts aujourd’hui. La qualité des actifs bancaires est, somme toute, très bonne.5 La Silicon Valley Bank (SVB), par exemple, n’a pas fait faillite parce qu’elle était exposée à des actifs sans valeur. Au contraire, la plupart de ses actifs étaient des bons du Trésor américain qui, malheureusement généraient des taux d’intérêt inférieurs à ceux offerts sur le marché primaire. La SVB a fait faillite parce que les sociétés technologiques en phase de démarrage, ses principaux clients, ont commencé à effectuer des retraits parce qu’elles avaient moins accès au financement par capital de risque. La SVB n’a pas survécu à la nécessité de vendre ses bons du Trésor en essuyant des pertes considérables pour honorer les retraits. La faillite de la SVB a semé en fin de semaine l’inquiétude parmi les banques plus petites et/ou régionales aux États-Unis, mais le gros des problèmes a été évité lorsque la Réserve fédérale américaine a décidé d’agir comme prêteur de dernier recours de ces entités.
Comme c’est souvent le cas, aussitôt que les autorités monétaires éteignent un feu, un autre s’allume; cette fois-ci, il s’agit d’une crise de confiance à l’égard de Credit Suisse, qui éprouve des difficultés depuis longtemps. Elle a affiché de piètres résultats trimestriels et son principal actionnaire l’a informée qu’il n’injecterait plus d’argent dans la banque. Credit Suisse, contrairement à la SVB, est une grande institution financière mondiale intégrée. Une crise de confiance pourrait avoir un effet d’entraînement sur l’ensemble du système financier mondial. Credit Suisse, contrairement à Bear Stearns et Lehman Brothers en 2008, dispose d’actifs de grande qualité. Elle ne repose pas sur un tas d’actifs sans valeur. Credit Suisse est plutôt confrontée à un problème de financement et de liquidité. La Banque nationale suisse a annoncé qu’elle lui fournirait un soutien financier si nécessaire.
Au risque d’être perçu comme une Pollyanna, il y a encore des difficultés à surmonter et il se peut que quelque chose d’autre se brise, qu’il s’agisse d’un fonds de couverture, d’une banque fantôme ou autre; on verra bien. Il se peut aussi qu’on apprenne qu’une autre entité a énormément de pertes non matérialisées enfouies dans ses portefeuilles. C’est souvent ainsi que les cycles de resserrement se terminent. Cependant, si les événements des derniers jours sont une indication de ce qui va arriver, sachez que les autorités monétaires sont prêtes à réagir et à éteindre les feux à mesure qu’ils s’allument. De plus, le système financier mondial est en bien meilleure posture pour résister à de tels chocs qu’il ne l’était en 2008.
Les chocs financiers mettent toujours nos nerfs à rude épreuve et cette fois-ci ne fera pas exception. Ils ne sont pas nécessairement aussi graves qu’en 2008, mais nous sommes influencés par notre biais de récence. Pour autant que je sache, les années 1984 et 1990 se sont avérées de bonnes occasions de placement à long terme pour de nombreux investisseurs.6
On a beaucoup parlé des défis du contexte de placement actuel. Il est donc peut-être plus intéressant de parler de ce qui pourrait bien marcher.
Malgré un environnement bénéfique au début de 2025, les marchés ont connu des difficultés, car les investisseurs tentent de comprendre les changements de stratégie politique qui ont lieu actuellement aux États-Unis.
Les préoccupations à l’égard de l’inflation aux États-Unis sont probablement exagérées et les droits de douane imposés par l’administration Trump pourraient constituer un choc ponctuel sur les prix plutôt qu’une nouvelle tendance inflationniste.
Renseignements importants :
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Image : Cavan Images / Getty
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Il ne s’agit pas d’une recommandation d’une stratégie de placement ou d’un produit à l’intention d’un investisseur en particulier. Les investisseurs devraient consulter un professionnel financier avant de prendre des décisions de placement.
Tous les placements comportent des risques, y compris le risque de perte.
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Il est impossible d’investir directement dans un indice.
En règle générale, les cours des actions fluctuent, parfois même considérablement, en réaction aux activités de la société émettrice, ainsi qu’à la conjoncture des marchés en général, à la situation économique et au climat politique.
Les risques d’investir dans des titres d’émetteurs étrangers, y compris ceux des marchés émergents, peuvent inclure la fluctuation des devises étrangères, l’instabilité politique et économique et les problèmes liés à l’imposition étrangère.
Les titres à revenu fixe sont exposés au risque de crédit de l’émetteur et aux retombées des fluctuations de taux d’intérêt. De manière générale, les cours des obligations baissent lorsque les taux d’intérêt augmentent, et vice versa; c’est ce que l’on appelle le risque de taux d’intérêt. Un émetteur peut être incapable de rembourser les intérêts ou le capital de ses emprunts, ou les deux, ce qui fait chuter la valeur de ses titres de créance et abaisse sa note de crédit.
Les portefeuilles concentrés dans un secteur en particulier, comme les services financiers, comportent un degré de risque plus élevé et sont plus sensibles à la volatilité des marchés que les portefeuilles plus diversifiés.
L’indice S&P 500® est un indice pondéré en fonction de la capitalisation boursière qui regroupe les actions des 500 plus grandes sociétés américaines.
Le resserrement quantitatif (RQ) est une politique monétaire utilisée par les banques centrales pour normaliser les bilans.
La crise financière mondiale (CFM) fait référence à la période de tensions extrêmes sur les marchés financiers et les systèmes bancaires mondiaux entre le milieu de 2007 et le début de 2009.
Les titres adossés à des créances hypothécaires (TACH) sont des produits de placement assimilables aux obligations. Chaque TACH se compose d’un panier de prêts immobiliers et d’autres dettes immobilières achetés auprès des banques qui les ont émis. Les porteurs de titres adossés à des créances hypothécaires touchent des paiements périodiques similaires aux paiements de coupons obligataires.
Prêt NINJA est un terme du jargon financier qui désigne un prêt accordé à un emprunteur sans que le prêteur ne vérifie vraiment la capacité de rembourser du demandeur.
Le ratio des fonds propres de catégorie 1 désigne le ratio des fonds propres de base de catégorie 1 d'une banque, c'est-à-dire ses fonds propres et ses réserves divulguées, par rapport au total de ses actifs pondérés en fonction des risques.
Les opinions exprimées ci-dessus sont celles de l’auteur au 15 mars 2023. Ces commentaires ne doivent pas être interprétés comme des recommandations, mais comme une illustration des grands thèmes. Les énoncés prospectifs ne sont pas garants du rendement futur. Ils comportent des risques et des incertitudes et sont fondés sur des hypothèses; nous ne pouvons pas vous garantir que les résultats réels ne différeront pas considérablement de nos attentes.
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