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Pourquoi privilégier les bank loans pour les assureurs ?

Que sont les obligations municipales américaines
Points importants à retenir
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Les bank loans offrent aux créanciers la garantie d’être remboursés en priorité en cas d’événement de défaut de paiement. Historiquement, cela se traduit par des taux de défaut plus faibles et par des taux de recouvrement plus élevés que ce que l’on peut observer avec la dette « investment grade » non garantie.

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Compte tenu du niveau actuel des taux d’intérêt et de la conjoncture macroéconomique, nous pensons que les bank loans sont plus intéressants que la dette à haut rendement et les actions.

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Nécessitant moins de fonds propres que les actions, et offrant des avantages en termes de diversification, les bank loans conviennent tout particulièrement aux sociétés d’assurance.

Introduction

Les bank loans, également appelés prêts senior garantis (‘SSL’ en anglais) sont des prêts privés structurés, émis par un consortium de créanciers institutionnels, qui permettent aux entreprises de se financer avec des capitaux d’emprunt. Ils offrent une prime de risque fixe par rapport à un taux de référence qui fluctue, et constituent donc des instruments à taux variable. La prime de risque reflètent le risque de crédit auquel l’émetteur est exposé.

Généralement, les emprunteurs sont des entreprises et les prêts servent à financer des opérations de fusion-acquisition ou des rachats par endettement (on parle également de rachats avec effet de levier) par des fonds de capital-investissement. Les bank loans sont généralement assortis d'une notation inférieure à ‘investment grade’, mais ils intègrent des mécanismes de réduction du risque de crédit qui font qu’ils se situent généralement au sommet de la structure de capital de l’entreprise. Ces mécanismes de réduction des risques peuvent se présenter sous la forme de paniers de collatéraux (nantissements d’actions, seniorité dans la structure de capital de l’entreprise, clauses de sauvegarde, par exemple). L’anglicisme ‘seniorité’ désigne le fait que les souscripteurs d'un bank loan ont la garantie d’être remboursés en priorité dans le cas où l’émetteur se retrouverait en défaut de paiement. Pour plus d’informations sur les bank loans, veuillez consulter l’étude Perspectives d’investissement de nos analystes.

Pourquoi privilégier les bank loans dans le contexte actuel ?

À nos yeux, les bank loans offrent trois avantages aux investisseurs :

  1. Un revenu actuel potentiellement élevé
    Le revenu actuel se compose de deux éléments clés : les taux d’intérêt de base (qui pourraient se maintenir à des niveaux élevés pendant un certain temps encore) et les primes de risque (qui restent importantes). Le revenu des coupons pour les prêts bancaires est aujourd’hui d’environ 9%, son niveau le plus élevé depuis 2009.1 Le marché s’attend à ce que les taux se maintiennent à des niveaux élevés pendant un certain temps encore, bien supérieurs au niveau qui était le leur avant 2022. Il a été prouvé que les prêts fournissent un revenu constant et stable tout au long des divers cycles de marché, y compris lors des périodes de récession et de baisse des taux d'intérêt. Le rendement d’un prêt résulte du versement de coupons, qui correspond au rendement des intérêts et au rendement du capital. Le coupon moyen des prêts s’élève à 9%, ce qui est plus que le coupon moyen de 6,24% qu’offrent les obligations à haut rendement.2 Après avoir offert une rémunération inférieure d’environ 170 points de base aux obligations à haut rendement pendant plus de quinze ans, les prêts offrent pour la première fois un coupon moyen supérieur à celui de la dette à haut rendement. Il y a trois ans seulement, les prêts offraient un taux de rendement de 4,80% ; depuis peu, ils offrent un rendement supérieur de 400 points de base à ce taux.3
  2. La Fed va-t-elle maintenir durablement ses taux à des niveaux élevés ?
    Les bank loans ne présentent presque aucun risque de duration (durée moyenne de 45 jours environ). La courbe SOFR à terme repose actuellement sur la prévision d’un taux SOFR moyen à 3 mois de près de 5 % sur l’année 2024. Cela reflète l’opinion largement adoptée par le marché selon laquelle la Réserve fédérale américaine (Fed) fera preuve de prudence au moment d’abaisser de nouveau ses taux d'intérêt, après la baisse de 50 points de base opérée en septembre. Les dernières statistiques économiques alimentent l’hypothèse selon laquelle la Fed maintiendra durablement ses taux d’intérêt à des niveaux élevés, ce qui permettrait de bénéficier de coupons de prêt plus élevés.
  3. Une valeur relative séduisante
    Les bank loans offrent l’un des meilleurs rendements de l’univers obligataire, tout en atténuant le risque de perte, car ils occupent un rang prioritaire dans la structure du capital et sont garantis par les actifs de l’entreprise. Ils offrent ces rendements élevés sans risque de duration.

Pour une analyse approfondie du secteur et de ses perspectives, veuillez consulter notre publication ‘Un argument en faveur des bank loans’.

Une classe d’actifs attractive pour les assureurs

Les bank loans sont une classe d’actifs attractive pour les assureurs, car ils constituent une contrepartie comptable naturelle à la plupart des passifs. Ils offrent aux assureurs la possibilité d’optimiser leurs rendements, de réduire leurs charges en capital et le risque global auquel ils sont exposés, tout en préservant la liquidité du portefeuille.

Dans le contexte actuel, caractérisé par une incertitude accrue et par les obstacles pesant sur les classe d’actifs non cotées, nos clients du secteur de l’assurance privilégient les produits de taux alternatifs les plus liquides. En effet, la plupart des assureurs privilégient les obligations ‘investment grade’, extrêmement liquides et compétitives dans le contexte monétaire actuel. Cette liquidité permet aux investisseurs de procéder à une allocation tactique du capital, sans que celui-ci ne soit verrouillé pendant plusieurs années, comme c’est le cas avec de nombreuses stratégies d’investissement en dette privée.

Les bank loans sont à la frontière des marchés du non coté et des marchés de la dette cotée, la plupart étant émis par des entreprises privées. Mais il existe un marché secondaire actif pour la classe d’actifs, qui permet aux investisseurs d’accéder à la liquidité.

Dans la partie ci-dessous, nous nous concentrons sur trois aspects essentiels :

  1. Où se situent les bank loans dans les bilans des assureurs ? 
  2. Le traitement des bank loans en vertu de Solvabilité II
  3. Cas d’utilisation de bank loans par des assureurs et analyse de leur valeur relative par rapport à des classes d’actifs comparables

Où se situent les bank loans dans les bilans des assureurs ?

Ce sont des actifs assortis d’une maturité courte, d’un taux variable et d’une notation inférieure à ‘investment grade’. Partant, ils peuvent se révéler être un bon complément aux produits avec participation et aux fonds propres excédentaires, et pour les sociétés d’assurance-dommages .

A. Produits avec participation

Selon la situation de chaque société, les bank loans peuvent servir à :

  • réduire les risques liés aux actions
  • réduire la volatilité et les exigences de fonds propres d’une entreprise
  • accroître le rendement ajusté en fonction des risques du portefeuille d’une entreprise
Exemple : Produits avec participation aux bénéfices

Un assureur estimait que les actions étaient relativement onéreuses. Il a réduit son exposition aux actions pour investir dans des bank loans. La volatilité plus faible des prêts par rapport aux actions était un atout pour un portefeuille en liquidation. Le changement d’allocation a permis d’améliorer lesrendements ajustés en fonction des risques. Les bank loans requièrent moins de fonds propres que les actions, ce qui dope l’excédent disponible du fonds.

B.  Excédent de fonds propres, et portefeuilles des sociétés d’assurance-dommages

Les assureurs visent divers objectifs avec ces portefeuilles. Généralement, les assureurs évitent de s’exposer au risque de taux d’intérêt. Ils ont besoin de liquidité, cherchent à générer des solides rendements ajustés en fonction des risques et il se peut qu’ils aient un budget d’immobilisations global. Les bank loans peuvent répondre à certains de ces critères.

Exemple : Sociétés d’assurance-dommages

Dans le contexte monétaire actuel, les assureurs souscrivent de plus en plus souvent des obligations mondiales bien notées et des prêts garantis à faible duration pour profiter de la hausse des taux d'intérêt à court terme. Cette prime de rendement leur permet d’avoir un faible taux d’utilisation des fonds propres. Après dix ans de taux d’intérêt bas, la remontée des taux d’intérêt a permis aux assureurs de retrouver leur allocation traditionnelle du capital dans leur comptabilité générale, sans devoir augmenter la duration ou investir dans des classes d’actifs peu liquides. 

Le traitement des bank loans en vertu de Solvabilité II

L’élément le plus important de l’exigence de fonds propres applicable aux bank loans est le risque de crédit lié à l’émetteur (risque de spread). Selon la formule standard prévue par Solvabilité II, le ratio de fonds propres applicable pour le risque de spread dépend de la notation et de la sensibilité du prêt aux variations de taux d'intérêt (duration). Ainsi, le ratio de fonds propre pour le risque de spread applicable aux prêts est le même que celui qui s’applique aux obligations d’entreprise à haut rendement assorties d'une notation et d’une duration modifiée similaires. Par exemple, les bank loans assortis d’une maturité de cinq ans et d’une notation BB auraient une charge en capital au titre du risque de spread d’environ 18,5%, contre 39,0% pour les instruments de fonds propres de premier rang (Tier 1) comme les actions européennes, et de 49,0% pour le capital-investissement (private equity).

Le graphique 1 représente le rendement attendu des bank loans à dix ans, par rapport à l’immobilier, aux actions européennes et au capital-investissement. Le rendement de 6,90% que sont censés générer ces prêts est largement supérieur à celui des actions européennes et de l’immobilier, et presque similaire à celui du capital-investissement. 

Figure 1 : Rendements attendus sur 10 ans pour diverses classes d'actifs européennes

Source : Invesco Capital Market Assumptions (CMA), au 30 juin 2024. 

Pour les obligations, le rendement à l'échéance pondéré par la duration de Barra est utilisé comme rendement attendu. Pour les autres actifs, les CMA d'Invesco sont utilisés lorsqu'ils sont disponibles. Les CMA sont en date du 2024-06-30. Sinon, des entrées manuelles d'Invesco Solutions sont utilisées. Les actifs libellés en devises étrangères sont supposés être couverts en retour à la devise locale dans cette présentation. Il n'y a aucune garantie que ces attentes se réaliseront.

Cas d’utilisation de bank loans par des assureurs et analyse de leur valeur relative par rapport à des classes d’actifs comparables

Dans le contexte de marché actuel, les produits de taux à duration courte, historiquement peu volatils et qui offrent un rendement actuel attractif, sont rares. Les bank loans combinent ces critères et offrent des avantages en termes de diversification, du fait de leur corrélation historiquement faible avec les autres classes d’actifs. Ces facteurs offrent aux assureurs trois cas d’utilisation des bank loans :

  1. Rentabilité des fonds propres : Substitution aux actions. Les bank loans sont moins volatils que les actions. Les ratios de fonds propres exigibles sont inférieurs de moitié à ceux qui s’appliquent aux instruments de fonds propres de type 1 ou 2, en vertu de Solvabilité II.
  2. Arbitrage de risque/rendement : Les bank loans permettent aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles, par-delà les actions, les obligations à haut rendement et les obligations émergentes assorties d’une notation inférieure à ‘investment grade’. Partant, les bank loans peuvent améliorer le rendement ajusté en fonction du risque du portefeuille, réduire sa volatilité et réduire la volatilité des fonds propres admissibles au bilan.
  3. Accéder à la liquidité et réduire le délai d'investissement (cash drag) : Investir dans des prêts bancaires permet de réduire le délai d’investissement sur le marché du non coté.

Les bank loans sont dotés de mécanismes d’atténuation du risque de crédit qui offrent aux créanciers la garantie qu’ils seront remboursés en priorité en cas de défaut de paiement de l’émetteur. Historiquement, cela se traduit par des taux de défaut plus faibles et par des taux de recouvrement plus élevés que ce que l’on peut observer avec la dette « investment grade » non garantie, comme les obligations à haut rendement. De plus, durant certaines périodes, les bank loans peuvent offrir des rendements plus élevés que les obligations à haut rendement, en raison des dynamiques de marché différentes qui les régissent.

Les graphiques 2 et 3 montrent l’impact sur le couple risque/rendement et sur le ratio rendement/exigence de fonds propres Solvabilité (SCR) lorsque l’on ajoute 3% de bank loans à un portefeuille européen de type ‘Compte général’ et un portefeuille britannique de produits d’assurance IARD.

  • Dans le portefeuille n°1, la modification de l’allocation du capital résulte d'une réduction des participations de base du portefeuille.
  • Dans le portefeuille n°2, la modification de l’allocation du capital résulte d’une réduction de l’exposition aux actions et au capital-investissement.
  • Dans les deux cas, l’impact sur le couple risque/rendement est largement positif. Concernant le ratio rendement/SCR, nous observons un impact positif important lorsque l’ajout de bank loans est financé par une réduction de l’exposition aux actions, ce qui étaye l’idée selon laquelle il est judicieux de remplacer les actions par des bank loans.
Figure 2 : Portefeuille Compte Général EUR : Réallocation de 3% vers les SSL (EUR)

A titre d’illustration uniquement.

Figure 3 : Portefeuille Compte Général UK : Réallocation de 3% vers les SSL (GBP)

Figure 2 et 3 Performance ajustée au risque – Impact d'un changement dans l'allocation stratégique d'actifs sur les fonds propres et les exigences de capital sur la base de 10 ans (par an).

Le portefeuille de référence EUR GA se compose de : EUR GOVIES 40 % ; EURO CORP 40% ; EURO 3%, MSCI EURO EQUITIES 5% ; PROCURATION IMMOBILIÈRE 10 % ; PROXY DE PRIVÉ-EQUITY 2%. Ce portefeuille aurait 3,8% de rendement, 10,1% de SCR pour une volatilité de 4,5%.

Le portefeuille UK General Insurance se compose de : UK GILTS 40 %, UK AGG CORP 40 %, GBP Cash 7 %, MSCI UK 3 %, MSCI World ex UK 5 %, REAL ESTATE EQUITY PROXY 3 % ; PRÊTS IMMOBILIERS COMMERCIAUX PROCURATION 2%. Ce portefeuille aurait 5,4% de rendement, 7,4% de SCR pour une volatilité de 5,9%.

Remarque : Pour la figure 2 : la réallocation de 3 % provient d'une réduction au prorata des avoirs du portefeuille de référence.

Pour la figure 3 : la réallocation de 3 % provient d'une réduction au prorata de l'allocation de capitaux propres et de capital-investissement dans les avoirs du portefeuille de référence.

Pour les actifs à revenu fixe, le rendement pondéré par la durée jusqu’à l’échéance de Barra est utilisé comme rendement attendu. Pour les autres actifs, les CMA Invesco sont utilisés lorsqu'ils sont disponibles. Les RMR sont au 2024-06-30. Sinon, des saisies manuelles d'Invesco Solutions sont utilisées. Dans ce tableau, il est supposé que les actifs libellés en devises étrangères sont couverts par rapport à la devise nationale. Toutes les couvertures des actifs obligataires reposent sur les courbes de swap de Barra et les courbes de base de Bloomberg ; lorsqu’aucune couverture n’est supposée, les rendements sont convertis dans la devise de base du rapport sur la base des différentiels de rendement Bloomberg Generic Govt 10Y. Le risque de taux est exclu des frais du SCR. À titre indicatif uniquement.

Considérations relatives à la gestion actif-passif

De nombreuses sociétés d’assurance-vie européennes et de nombreux assureurs incendies, accidents et risques divers (IARD) britanniques investissent à 80% dans de l’obligataire et à 20% dans du rendement total pour garantir leurs passifs. Toutefois, leurs objectifs sont très différents :

  • Les produits d’assurance avec participation aux bénéfices doivent offrir un rendement compétitif aux preneurs d’assurance, dans un environnement concurrentiel. Les risques financiers sont répartis entre les assureurs et les preneurs d’assurance.
  • Pour leur part, les assureurs IARD s’efforcent de maintenir une allocation du capital sûre et liquide pour rembourser les sinistres. Dans la théorie actuariale, le produit d’investissement sert à financer les dépenses.

Partant, les portefeuilles des sociétés d’assurance-vie européenne sont plus gourmands en capital. Cela explique pourquoi le couple risque/rendement et le ratio rendement/SCR sont plus élevés lorsque que toutes les classes d’actifs du portefeuille, ou les poches actions ou immobilier du portefeuille, sont remplacées exclusivement par des bank loans.

Dans le cas de l’assureur IARD, le ratio rendement/SCR est plus élevé uniquement si les prêts remplacent les actions et actifs immobiliers détenus en portefeuille. Cela montre que cette classe d’actifs est une alternative compétitive lorsqu’il s’agit de gérer l’excédent de fonds propres du portefeuille.

Dans les deux cas, les bank loans améliorent le couple risque/rendement, consolident la stabilité des fonds propres de nos clients admissibles au bilan et réduisent le coût des options et des garanties.

Conclusion

Les bank loans peuvent générer de solides rendements ajustés en fonction des risques/du capital, peu volatils (par rapport aux classes d’actifs traditionnels). Ils offrent une faible duration et permettent, éventuellement, aux assureurs de diversifier leurs portefeuilles de placements.

Compte tenu du niveau actuel des taux d’intérêt et de la conjoncture macroéconomique, nous pensons que les bank loans sont plus intéressants que la dette à haut rendement et que les actions, car ils peuvent être plus rémunérateurs. Moins sensibles à la volatilité des taux d'intérêt, ils sont une source de diversification du portefeuille. Ces caractéristiques font des bank loans de bonnes contreparties aux produits avec participation aux bénéfices, aux produits IARD et à l’excédent d’actif.

Autres analyses

Notes de bas de page

  • 1

    Crédit Suisse, le 30 juin 2024.

  • 2

    Crédit Suisse, le 30 juin 2024.

  • 3

    Crédit Suisse, le 30 juin 2024.

Risques d’investissement

  • La valeur des investissements et des revenus éventuels fluctuera (cela peut être en partie dû aux fluctuations des taux de change) et les investisseurs pourraient ne pas récupérer la totalité du montant investi.

Informations importantes

  • Ce document est un document de marketing et n'est pas conçu comme une recommandation d'investir dans une classe d'actifs, un titre ou une stratégie en particulier. Les exigences réglementaires qui exigent l’impartialité des recommandations en matière d’investissement/de stratégie d’investissement ne sont donc pas applicables, ni aucune interdiction de négocier avant publication. Les points de vue et opinions sont basés sur les conditions actuelles du marché et sont susceptibles de changer.

    EMEA3557064/2024