C’est une semaine importante pour les banques centrales. La Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque du Canada (BdC), la Norges Bank, la Banque d’Angleterre (BOE) et la Banque du Japon (BOJ) se réunissent toutes dans cet ordre. Aux États-Unis, les données sur l’emploi ont été moins bonnes, mais sans effondrement, et les données sur l’inflation ont augmenté, mais moins vite que prévu. Cela donne à la Fed une excuse pour procéder à des baisses de taux préventives, même si nous ne prévoyons pas de baisse de 50 points de base, comme certains le prévoient. Ailleurs, nous ne prévoyons pas de changement de politique de la part des autres banques centrales.
Dans le même temps, la croissance des bénéfices s’est poursuivie, en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), qui a reçu un nouvel élan la semaine dernière lorsque Oracle a prévu une croissance de ses revenus des applications infonuagiques d’environ 1 400 % au cours des quatre prochaines années.1
Dans l’ensemble, nous pensons que les données économiques et relatives aux bénéfices continuent d’indiquer un contexte favorable pour les actifs à risque.
Réduction presque assurée des taux de la Fed
Vendredi, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) des États-Unis s’est révélée largement conforme aux prévisions consensuelles. L’IPC de base a augmenté de 0,3 % en glissement mensuel, tandis que l’indice global a progressé de 0,4 % en glissement mensuel, soit légèrement au-dessus des estimations consensuelles de Bloomberg.2 Plus tôt dans la semaine, les indices des prix à la production (IPP) ont montré que les prix des intrants augmentaient moins rapidement que prévu.3
Certains secteurs, plus particulièrement, ressortent des données de l’IPC. Le secteur des fruits et légumes a connu une augmentation de 1,6 % au cours du mois, tandis que les tarifs aériens ont augmenté de 5,9 % en août, après une augmentation de 4 % en juillet. L’inflation liée au logement a augmenté de 0,4 % en glissement mensuel. Ailleurs, cependant, les dépenses en ameublement et en produits vidéo et audio, produits généralement importés et donc soumis à des droits de douane, ont augmenté plus lentement qu’au cours des derniers mois.4
Même si les données de l’IPC montrent clairement une inflation supérieure à l’objectif de la Fed, nous pensons que celle-ci n’est pas suffisamment forte pour empêcher la Fed de réduire son taux directeur mercredi. Le Federal Open Market Committee (FOMC) devrait accorder la priorité aux données récentes indiquant un affaiblissement du marché du travail. La semaine dernière, les demandes hebdomadaires de prestations d’assurance-emploi ont atteint un point culminant en près de quatre ans.5 De plus, il ressort de l’examen trimestriel des données du Bureau of Labor Statistics (BLS) que le marché du travail affichait plus de 900 000 emplois en moins entre le début de l’année et la fin du mois de mars.6 Même si cela augure mal pour la croissance, cela indique tout de même un marché de l’emploi qui ne connaît pas d’embauches ou de licenciements à grande échelle.
La réunion du FOMC de cette semaine sera passionnante. Les membres voteront-ils pour une réduction de 50 points de base? Probablement. Que nous dira le résumé des prévisions économiques sur la façon dont le FOMC envisage l’évolution de l’économie dans les mois à venir? Le taux de chômage à la fin de l’année pourrait encore être inférieur au taux prévu par le FOMC en juin. Il se pourrait que ces prévisions ne changent que très peu.
Qui sera présent dans la salle? Après son approbation par le Comité sénatorial des banques jeudi lors d’un vote de 13 voix contre 11 suivant la ligne du parti, Stephen Miran a pris une sérieuse option sur le siège laissé vacant par Adriana Kugle au sein du FOMC. Un vote au Sénat doit avoir lieu aujourd’hui (lundi). Si sa candidature est approuvée, ce qui nous semble probable, Stephen Miran devrait siéger à la réunion de mercredi. Présentement, Lisa Cook occupe également un siège, mais le ministère de la Justice des États-Unis a déposé un appel auprès de la Cour d’appel fédérale pour l’empêcher de continuer à siéger au FOMC.
Cependant, la conclusion simple à tirer pour les marchés est que les baisses de taux conduisant à un atterrissage en douceur, le scénario le plus probable à l’heure actuelle selon nous, pourraient être très favorables aux actions.
Maintien probable des taux par les autres banques centrales
Alors que la Fed devrait très probablement réduire son taux directeur cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu ses taux stables la semaine dernière. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné que la politique monétaire semble être bien orientée et que le processus de désinflation semble être terminé. Le marché a trouvé ses commentaires légèrement belliqueux. Les prix du marché ne laissent actuellement présager aucune nouvelle baisse avant l’été prochain.
Les données relatives au produit intérieur brut du Royaume-Uni n’ont indiqué aucune croissance en août, alors que le taux trimestriel est passé de 0,3 % à 0,2 %.7 Toutefois, comme l’inflation demeure supérieure à l’objectif, la BOE ne devrait pas modifier ses taux directeurs au cours de sa réunion de cette semaine.
On ne s’attend pas à ce que la Banque du Japon relève ses taux cette semaine. L’incertitude tarifaire au Japon s’est récemment atténuée et, même si les exportations ont ralenti, elles restent relativement soutenues. L’inflation demeure bien supérieure à l’objectif.
Étonnement des marchés face aux perspectives de revenus d’Oracle
Ceux qui anticipaient un ralentissement dans le domaine de l’IA ont été profondément déçus la semaine dernière après qu’Oracle a déclaré qu’au cours des quatre prochaines années, elle s’attendait à tirer des revenus de ses applications infonuagiques de loin supérieurs aux prévisions. La société prévoit que ses revenus liés à l’infrastructure infonuagique atteindront 144 milliards de dollars d’ici l’exercice 2030, soit une hausse de 10 milliards de dollars par rapport à l’exercice 2025.8
Le titre Oracle a progressé de plus de 45 % au cours de la séance de mercredi avant de clôturer en hausse de plus de 35 % par rapport à la veille, ce qui a permis au S&P 500 d’atteindre un autre record pour l’année. Aucune entreprise dont la valorisation dépasse les 500 milliards de dollars n’avait jamais enregistré une hausse supérieure à 25 % en une seule séance.9 Le fait qu’une entreprise aussi liquide qu’Oracle ait connu une telle évolution souligne l’ampleur de l’étonnement par rapport aux prévisions de revenus et suggère que le scénario optimiste en faveur de l’IA n’est peut-être pas encore pleinement pris en compte par le marché.
Selon le classement Bloomberg Billionaire Index, la flambée du cours de l’action a brièvement propulsé Larry Ellison, cofondateur d’Oracle, au rang de personne la plus riche du monde.10
L’or plus brillant que jamais
Notre commentaire obligatoire sur l’or cette semaine est de souligner qu’il continue d’atteindre de nouveaux sommets. En fait, l’or a déjà enregistré plus de 30 nouveaux records cette année, ce qui le place en bonne voie pour dépasser les 41 records établis en 2024.11
Si les prix continuent d’augmenter jusqu’à la fin de l’année, 2025 pourrait marquer le plus grand nombre de nouveaux sommets pour l’or au cours d’une seule année civile depuis le début du siècle. En plus de son année record, l’or a atteint un nouveau sommet corrigé de l’inflation la semaine dernière, dépassant le précédent pic de janvier 198012, ce qui témoigne de son attrait durable en tant que réserve de valeur.