Marchés et économie

La baisse des taux et la hausse des bénéfices pourraient être une combinaison puissante pour les marchés

Aigle sur le bâtiment de la Réserve fédérale américaine

Points importants à retenir

Réserve fédérale (Fed)

1

Les baisses de taux, la résilience de la consommation et la stabilisation des données sur le marché du travail pourraient annoncer le début d’une reprise de l’économie américaine.

Banque d’Angleterre

2

Les commentaires du gouverneur Andrew Bailey après la réunion de la Banque d’Angleterre laissent entrevoir une pause dans le cycle de réduction des taux jusqu’à la fin de l’année.

Banque du Japon

3

La Banque du Japon a maintenu ses taux d’intérêt, mais deux de ses membres ont voté en faveur d’une hausse. Nous n’interprétons pas cela comme un changement dans le profil général de la Banque du Japon.

La baisse tant attendue des taux de la Fed est arrivée, et elle semble indiquer que deux autres baisses pourraient suivre avant la fin de l’année.1 Naturellement, les investisseurs se demandent comment les marchés ont tendance à se comporter pendant les cycles d’assouplissement. La réponse dépend en grande partie de la conjoncture économique. Par exemple, les rendements du marché au cours de l’année qui a suivi les baisses de taux de 1973 et 2007, alors que l’économie était au bord d’une grave récession, ont été nettement inférieurs aux résultats plus favorables enregistrés après les baisses de taux de 1984 et 1995,2 Heureusement, le contexte économique actuel montre peu de signes d’une récession imminente, ce qui continue de soutenir une perspective productive pour les actions.

Le principal risque de cette vision pourrait résider dans l’avenir de l’indépendance de la Fed. Il est encourageant de constater que la réunion du Comité de politique monétaire (Federal Open Market Committee ou FOMC) de cette semaine a mené à un large consensus sur une baisse mesurée de 25 points de base, avec une seule voix dissidente. Cela suggère que, malgré les pressions exercées par l’administration en faveur d’un assouplissement plus important, le comité actuel (qui comprend des membres nommés par Trump, comme Christoper Waller et Michelle Bowman) fait preuve de prudence. Les anticipations inflationnistes demeurent ancrées3 et, même si le dollar s’est affaibli, il ne subit pas de pression significative.4 Dans l’ensemble, nous pensons que le contexte actuel semble propice à un rebond en fin d’année, dont devraient potentiellement bénéficier les titres cycliques, les actions à faible capitalisation et les actifs non américains.

Adoption par la Fed d’une approche plus proactive

La baisse de la semaine dernière était la première de la Fed depuis décembre 2024 et a fait baisser le taux d’intérêt de référence d’un quart de point de pourcentage, pour atteindre une fourchette cible allant de 4 % à 4,25 %.5 Dans ses remarques après la réunion, le président de la Fed, Jerome Powell, a noté que « les risques de baisse de l’emploi se sont accentués » et a qualifié cette décision de « réduction de gestion des risques »6, probablement destinée à prévenir un nouvel affaiblissement du marché du travail. Ce revirement vers une politique plus proactive a été renforcé par le résumé des projections économiques, ou SEP, de la Fed, qui a montré que les responsables anticipaient deux baisses supplémentaires de 25 points de base d’ici la fin de l’année, suivies de deux autres baisses jusqu’en 2027.7

Il est intéressant de noter que les projections actualisées de la Fed ont également montré des révisions à la hausse de leurs prévisions de croissance économique et d’inflation, parallèlement à des révisions à la baisse de leurs projections du taux de chômage.8 Cela suggère que la Fed pourrait assouplir sa politique dans les années à venir, mais pas en réponse à la détérioration de la situation. Elle le ferait plutôt dans un contexte d’accélération de la croissance alimentée par une politique budgétaire et monétaire plus souple et de ralentissement (bien que toujours élevé) de l’inflation sur fond de reprise de la demande et de freins potentiels à l’offre.

Reprise cyclique en vue?

Les données économiques récentes suggèrent que l’économie américaine pourrait amorcer un virage, alors même que la Fed entame son cycle d’assouplissement monétaire.

  • Les ventes au détail en août ont augmenté de 0,6 % en glissement mensuel et de 5 % en glissement annuel,9 ce qui pourrait indiquer une reprise de la demande des consommateurs après un ralentissement modéré au premier semestre. Le rapport de la semaine dernière marquait la troisième hausse mensuelle consécutive des ventes au détail, ce qui pourrait indiquer la résilience sous-jacente de l’économie et devrait être de bon augure pour la croissance du produit intérieur brut (PIB) américain au troisième trimestre.
  • Les demandes initiales d’assurance-chômage ont connu leur plus forte baisse en quatre ans. Elles ont reculé de 33 000 pour passer à 231 000 au cours de la semaine se terminant le 13 septembre.10 Ce chiffre est compatible avec la tendance postpandémique et suggère que les mises à pied restent largement contenues, malgré un ralentissement des offres d’emploi et de l’embauche.

Alors que la Fed réduit ses taux et prévoit un nouvel assouplissement d’ici la fin de l’année jusqu’en 2027, la combinaison d’une consommation résiliente et d’une stabilisation des données du marché du travail pourrait signaler le début d’une reprise cyclique de l’économie américaine.

Trois principales conséquences pour les marchés

La combinaison d’un assouplissement proactif et de fondamentaux économiques résilients pourrait, selon nous, avoir trois conséquences importantes pour les marchés :

  • Le rendement des actions cycliques axées sur la valeur et à faible capitalisation pourrait dépasser les attentes à mesure que les prévisions de croissance s’améliorent et que les conditions financières s’assouplissent.
  • La courbe des taux du Trésor américain pourrait s’accentuer à mesure que les taux à court terme baissent en réponse aux baisses de taux de la Fed, tandis que les rendements à long terme augmenteraient, ce qui refléterait les attentes d’une croissance et d’une inflation plus élevées.
  • Le dollar américain pourrait s’affaiblir davantage à mesure que la Fed baisse ses taux alors que l’inflation reste supérieure à l’objectif, ce qui pourrait avantager les produits de base et les actifs non libellés en dollars américains, en particulier dans les marchés émergents.

Dans l’ensemble, les baisses de taux qui ne sont pas suivies d’une récession sont généralement favorables aux actions. Dans le passé, les investisseurs préoccupés par un ralentissement inattendu de la croissance ont toutefois été récompensés en souscrivant des titres à revenu fixe à moyen terme de grande qualité pour couvrir ce risque.11

Banque d’Angleterre : aucune surprise

La semaine dernière, le Comité des politiques monétaires (CPM) de la Banque d’Angleterre a voté à 7 contre 2 en faveur du maintien de son taux bancaire à 4 %. Le résultat et le partage des voix étaient généralement attendus. Les commentaires du gouverneur Andrew Bailey après la réunion ont laissé entrevoir une pause dans le cycle de réduction des taux jusqu’à la fin de l’année.

Le CPM a réduit le rythme du resserrement quantitatif. Le programme annuel d’achat d’actifs a été réduit de 30 milliards d’euros pour atteindre 70 milliards d’euros, tandis que les ventes actives ont augmenté à 21 milliards d’euros. L’augmentation des ventes actives permet de se concentrer davantage sur les taux à court et moyen terme, réduisant ainsi la pression sur les taux à long terme, qui ont récemment augmenté en raison des inquiétudes budgétaires.

Banque du Japon : maintien d’une politique restrictive et annonce de ventes d’actifs

La Banque du Japon (BOJ) a maintenu son taux directeur à 0,5 % la semaine dernière. Deux membres du conseil ont voté en faveur d’une hausse. Certains y ont vu une tendance belliciste, mais nous ne pensons pas que cela modifie le profil général de la Banque du Japon. La Banque du Japon fait figure d’exception parmi les grandes banques centrales, car elle reste dans une phase de hausse plutôt que de baisse des taux.

Elle a annoncé qu’elle vendrait chaque année 330 milliards de yens de FNB (fonds négociés en bourse) et 5 milliards de yens de fonds d’investissement immobilier japonais qu’elle détient actuellement dans son bilan. Cela devrait avoir peu d’incidence sur ces marchés, car ces valeurs représentent environ 0,05 % de la moyenne journalière selon la Banque du Japon. Le rythme sera adapté si les conditions du marché l’exigent.

Quoi regarder cette semaine

Date

Région

Événement

Pourquoi c’est important

23 sept.

États-Unis

Indices S&P Global des directeurs d’achats du secteur de la fabrication, des services et composite (septembre, préliminaire)

Première estimation de l’activité économique dans tous les secteurs; élément essentiel aux perspectives de croissance et d’inflation

 

États-Unis

Indice de fabrication de Richmond (sept.)

État du secteur manufacturier régional; signes avant-coureurs des tendances générales dans le secteur industriel

 

Canada

Balance des opérations courantes (T2)

Mesure des flux commerciaux et d’investissement; incidence sur le dollar canadien (CAD) et la politique de la Banque du Canada

25 sept.

États-Unis

Produit intérieur brut (PIB) (estimation finale du T2)

Mesure globale de la croissance économique; révisions pouvant influencer la confiance du marché

 

États-Unis

Commandes de biens durables (août)

Principal indicateur de l’investissement des entreprises et de la demande manufacturière

26 sept.

États-Unis

Revenu et dépenses des particuliers (août)

Reflet de la vigueur de la consommation et des pressions inflationnistes

 

États-Unis

Déflateur des dépenses de consommation personnelles de base (août)

Indicateur d’inflation privilégié par la Fed; essentiel pour les attentes en matière de taux d’intérêt

 

États-Unis

Déflateur des dépenses de consommation personnelles (août)

Mesure plus large de l’inflation; complément à l’IPC et aux prévisions d’inflation sur le marché

 

États-Unis

Ventes de maisons neuves (août)

Indicateur de la dynamique du marché immobilier et de la confiance des consommateurs

27 sept.

Japon

Indice des prix à la consommation (IPC) de Tokyo (septembre, provisoire)

Indicateur précoce des tendances inflationnistes nationales; essentiel aux perspectives politiques de la Banque du Japon

 

Zone euro

Discours du président de la Banque centrale européenne (BCE) (si prévu)

Source potentielle de renseignements sur les orientations futures de la politique monétaire

  • 1

    Source : Bloomberg L.P., 17 septembre 2025, selon le taux implicite des fonds fédéraux, qui est un taux d’intérêt pouvant être calculé pour tout titre faisant l’objet d’un contrat à terme. Ce taux correspond à la différence entre le taux au comptant et le taux à terme.

  • 2

    Source : Bloomberg L.P., 31 août 2025, selon le rendement de l’indice S&P 500. La Fed a baissé ses taux en août 1973, et au cours des 12 mois suivants, le S&P 500 a chuté de 28,05 %. La Fed a baissé ses taux en septembre 2007, et au cours des 12 mois suivants, le S&P 500 a chuté de 12,68 %. La Fed a baissé ses taux en septembre 1984, et au cours des 12 mois suivants, le S&P 500 a progressé de 14,50 %. La Fed a réduit ses taux en juillet 1995 et, au cours des 12 mois suivants, l’indice S&P 500 a progressé de 16,53 %.

  • 3

    Source : Bloomberg L.P., 17 septembre 2025, selon le point mort d’inflation des bons du Trésor américain à trois ans. Un point mort d’inflation est une estimation de l’inflation future dérivée du marché, calculée en comparant le rendement d’une obligation d’État standard (nominale) au rendement d’un titre du Trésor protégé contre l’inflation, ou TIPS, de même échéance.

  • 4

    Source : Bloomberg L.P., 17 septembre 2025, selon l’indice du dollar américain, qui mesure la valeur du dollar américain par rapport à un panier de monnaies pondérées en fonction des échanges commerciaux. L’indice du dollar américain a chuté de 11,45 % du 1er janvier 2025 au 17 septembre 2025.

  • 5

    Source : Réserve fédérale, 17 septembre 2025.

  • 6

    Source : Réserve fédérale, 17 septembre 2025, selon les remarques préparées par le président Powell pour la conférence de presse qui a suivi la réunion et les réponses aux questions des médias.

  • 7

    Source : Réserve fédérale, 17 septembre 2025.

  • 8

    Source : Réserve fédérale, 17 septembre 2025.

  • 9

    Source : Census Bureau des États-Unis, 16 sept. 2025.

  • 10

    Source : Département du Travail des États-Unis, 18 sept. 2025.

  • 11

    Source : Bloomberg L.P., 19 août 2025, selon les données mensuelles de rendement total (annualisées pour les cycles de plus d’un an) depuis la première baisse des taux jusqu’à la dernière baisse de tous les cycles d’assouplissement depuis 1989 : de juin 1989 à sept. 1992, de juillet 1995 à janv. 1996, de sept. à nov. 1998; de janv. 2001 à juin 2003; de sept. 2007 à déc. 2008 et de juillet 2019 à mars 2020. De tout temps, les bons du Trésor américain à moyen terme ont surpassé les bons du Trésor américain à court terme pendant les cycles d’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale, selon l’indice Bloomberg US Treasury Intermediate Index, qui mesure le rendement des titres d’une dette nominale à taux fixe libellés en dollars américains émise par le Trésor américain.