Marchés et économie

Au-dessus de la mêlée : Retour sur les thèmes de 2025

Photo en gros plan d’une main qui tient un téléphone affichant des nouvelles.

Points importants à retenir

Indépendance de la Réserve fédérale américaine

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On a dit aux investisseurs qu’ils devaient s’inquiéter de la nomination de Kevin Hassett au poste de président de la Fed, mais le marché ne semble pas préoccupé par cette éventualité.

Deux magnifiques?

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Nombreux sont ceux qui considèrent que les succès du marché dépendent des actions des sept magnifiques, mais cinq d’entre eux ont été à la traîne de l’indice S&P 500 depuis le début de l’année.

Taux hypothécaires

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Les baisses de taux réduiront-elles les taux hypothécaires? Les taux des titres du Trésor américain à 10 ans, des fonds fédéraux et des prêts hypothécaires laissent croire qu’ils pourraient demeurer supérieurs à 6 %.

« J’adore lorsqu’on fait tomber la boule horaire à Times Square. Cela rappelle gentiment que nous nous sommes tous trompés à un certain moment cette année1. » J’espère qu’Au-dessus de la mêlée ne l’a pas fait trop souvent. En fait, nous avons pris le temps d’examiner les principaux axes que nous avons privilégiés tout au long de l’année.

Voici les cinq thèmes gagnants et ce que nous avons dit sur chacun d’eux pendant l’année :

No 5 : Risque de récession

Les signaux macroéconomiques, notamment le resserrement des écarts de taux2 et le relâchement des critères de prêt3, laissent entrevoir un faible risque de récession à court terme.

No 4 : Dollar américain et diversification internationale

Le ralentissement du dollar américain4 et l’évolution des cycles mondiaux favorisent la diversification vers les actifs non américains, l’Europe et les marchés émergents offrant une valeur relative5.

No 3 : Incertitude entourant les droits de douane et les politiques

L’incertitude entourant les droits de douane et les politiques pourrait créer un choc ponctuel sur les prix et freiner la confiance ainsi que les investissements des entreprises, mais il est peu probable qu’elle provoque une récession selon nous. La clarté de la politique commerciale et les mesures d’assouplissement de la Réserve fédérale américaine pourraient y remédier.

No 2 : Politique de la Fed et attentes d’inflation

Les attentes d’inflation bien ancrées6 et l’orientation accommodante de la Fed offrent un contexte favorable aux actifs risqués.

Faut-il faire une courte pause avant le moment tant attendu?

Enfin, l’axe principal privilégié par Au-dessus de la mêlée en 2025 (roulement de tambour) :

No 1 : Essor de l’IA et ampleur du marché

À notre avis, les dépenses liées à l’intelligence artificielle sont importantes, mais elles ne constituent pas une nouvelle version de la bulle technologique7; les valorisations sont élevées, mais elles constituent pourtant de piètres outils d’anticipation8 et l’ampleur du marché s’étend au-delà des sociétés à mégacapitalisation9.

Pas mal. Pour reprendre Casey Kasem, nous garderons les deux pieds sur terre, tout en continuant de viser les étoiles.

C’est peut-être un biais de confirmation, mais…

… le marché ne semble pas particulièrement préoccupé par la nomination du prochain président de la Fed. On a dit aux investisseurs qu’ils devaient s’inquiéter de la nomination de Kevin Hassett à ce poste. Après tout, il serait le premier président issu directement d’un poste de premier plan à la Maison-Blanche, sans avoir siégé comme gouverneur de la Fed auparavant. Cela semble sans précédent, mais il faut se rappeler que Ben Bernanke et Janet Yellen ont tous deux présidé le Council of Economic Advisers avant d’agir à titre de gouverneurs de la Fed et de devenir ensuite présidents.

Le marché est-il inquiet? Les actions atteignent presque des sommets records10. Les attentes d’inflation sont demeurées contenues11. Le dollar s’est stabilisé il y a des mois12. Bref, il n’y a pas beaucoup d’anxiété.

Pourquoi?

  • Premièrement, la Fed est déjà prête à réduire le taux des fonds fédéraux13.
  • Deuxièmement, M. Hassett n’établirait pas la politique monétaire à lui seul. Le président n’a qu’un vote.
  • Troisièmement, les élites économiques qui dirigent effectivement le pays n’aiment pas l’inflation et s’y opposeraient probablement, surtout si les élections de mi-mandat se passent mal pour le Parti républicain.

Cela ne veut pas dire que l’indépendance de la Fed n’est pas essentielle. Elle l’est. Mais cela pourrait n’être qu’une tempête dans un verre d’eau.

Ce qui fait peur fait la une

On a beaucoup parlé d’une récente étude du MIT selon laquelle l’IA peut remplacer 12 % des emplois aux États-Unis14. Cela semble terrifiant, n’est-ce pas? Mais cela ne signifie pas que l’IA est sur le point d’éliminer 12 % de la main-d’œuvre dans un avenir rapproché. La véritable signification est que l’IA a la capacité d’accomplir environ 12 % des tâches dans votre travail. Ce n’est pas un malheur, c’est de l’efficacité. L’IA peut m’aider à rédiger des paragraphes, à modifier mon travail et même à exécuter des analyses. Mais elle ne transmet pas mes opinions et ne reproduit pas mon incroyable présence d’esprit (ma mère jure que j’en ai). Elle ne prend pas l’avion pour aller rencontrer des clients.

Elle n’est certainement pas capable de montrer mon sourire éblouissant à la télévision (encore une fois, ce sont les paroles de mère). L’IA a-t-elle donc les compétences nécessaires pour accomplir 12 % de mon travail? Bien sûr. Mais le titre était beaucoup plus effrayant que la réalité.

Territoire connu

Les investisseurs considèrent souvent les actions des sept magnifiques comme une force homogène qui évolue de concert et dont le leadership dicte le succès du marché dans son ensemble. On peut comprendre cette perception compte tenu de la pondération démesurée de ces actions dans les principaux indices15, mais elle simplifie beaucoup trop la réalité. En fait, les chiffres ne sous-tendent pas ce thème. La plupart de ces actions ont inscrit un rendement inférieur à celui de l’indice S&P 500 cette année16. Par ailleurs, l’indice Bloomberg S&P 500 ex-Magnificient 7 a progressé de plus de 16 %17, ce qui souligne que la vigueur du marché a été beaucoup plus généralisée que le thème le laisse entendre.

On a dit

« L’abordabilité est une arnaque montée par les démocrates18. »

– Président Donald Trump

« Une grande partie des prix élevés ne représentent pas le taux d’inflation actuel, mais plutôt simplement des coûts plus élevés intégrés découlant de la forte inflation en 2022 et en 202319. »

– Jerome Powell, président de la Fed

Je pense qu’ils disent la même chose. Le président Trump aurait raison de rappeler aux électeurs que l’inflation a bondi sous l’administration Biden, mais en réalité, les deux partis y ont contribué en injectant de l’argent dans le système pendant et après la pandémie. M. Powell a également raison de dire que l’inflation a atteint un sommet en 202220. Ce sont les coûts intégrés plus élevés qui sont au cœur du problème.

Les décideurs se concentrent sur le taux d’inflation, tandis que les consommateurs américains ont tendance à se concentrer sur les prix réels. Les prix sont par ailleurs demeurés élevés, soit environ 10 % de plus qu’au moment où l’inflation a culminé21. Cela représente environ 3 % par année, ce que la plupart des banquiers centraux du pays considèrent comme des prix stables. L’enjeu pour les politiciens est que l’objectif ne peut être de faire baisser les prix. La déflation serait désastreuse, car elle entraînerait une baisse des salaires, de la demande et des prix. C’est un cercle vicieux. Il faut plutôt que les salaires suivent le rythme. Les données laissent entendre que c’est le cas, du moins dans l’ensemble22, mais de nombreux Américains n’en ont manifestement pas l’impression.

Puisque vous m’avez posé ces questions… (partie 1)

Q. : Comment rationalisez-vous la valeur des investissements des entreprises liés à l’IA?

R. : La demande pour l’intelligence artificielle s’accélère à un rythme sans précédent. Prenez un exemple : ChatGPT a atteint 100 millions d’utilisateurs en seulement deux mois, soit beaucoup plus rapidement qu’une plateforme comme Facebook, qui a mis quatre ans et demi à atteindre ce jalon23.

Les entreprises, y compris les centres de données à très grande échelle comme Amazon, Alphabet et Meta, investissent massivement dans la construction de la puissance de calcul nécessaire pour alimenter l’innovation en matière d’IA. Heureusement, la plupart de ces sociétés maintiennent des ratios dette nette (dette moins liquidités)/BAIIA proches de zéro (la seule exception importante étant Oracle)24. En bref, elles ont la capacité d’emprunter pour financer les investissements.

L’enjeu, au fil du temps, sera d’équilibrer les dépenses en immobilisations massives et le moment incertain des revenus. Il sera probablement encore plus grand pour les entreprises qui n’ont pas les réserves de liquidités dont profitent les centres de données à très grande échelle. Le moment sera important. Il s’agit somme toute d’une course pour maîtriser la plus grande puissance de calcul.

Puisque vous m’avez posé ces questions… (partie 2)

Q. : Si la Fed continue de réduire le taux des fonds fédéraux, devrions-nous nous attendre à une diminution des taux hypothécaires?

R. : Malheureusement, je n’y compterais pas. Faisons le calcul.

  • Les marchés prévoient déjà que le taux des fonds fédéraux sera de 3 % d’ici la fin de 202625.
  • Dans le passé, l’écart entre le taux des fonds fédéraux et celui des titres du Trésor américain à 10 ans s’établissait en moyenne à 130 points de base (pb)26. Comme le taux des titres du Trésor américain à 10 ans se négociait récemment dans une fourchette de 4,10 % à 4,20 %27, il est déjà de 110 pb à 120 pb au-dessus du taux des fonds fédéraux attendu par le marché à la fin de l’année prochaine.
  • Par ailleurs, l’écart entre le taux des titres du Trésor américain à 10 ans et celui des prêts hypothécaires était historiquement en moyenne de 185 pb28.

Ces calculs donnent toujours des taux hypothécaires au-dessus de 6 %, à quelques points de base près. Il ne faut également pas trop souhaiter que le taux des fonds fédéraux et des titres du Trésor américain à 10 ans plongent, car cela laisserait entrevoir des résultats économiques nettement pires que ce qui est actuellement prévu.

Téléphonez à un ami

Dans quelle mesure les montants empruntés par les entreprises américaines devraient-ils préoccuper les investisseurs? J’ai posé la question à Matt Brill, chef, Titres de créance de qualité investissement, États-Unis d’Invesco. Voici sa réponse :

« Notre position de départ en est une de force. Les banques demeurent fondamentalement solides et elles continuent d’améliorer leur bilans29. L’économie américaine est solide30. Le contexte est encourageant. La plupart des entreprises ont fait preuve de prudence dans la période qui a suivi la pandémie de COVID-19.

Elles ont freiné les emprunts en raison du contexte d’incertitude, notamment la pandémie, la flambée de l’inflation, la hausse des taux en 2022, la faillite de la Silicon Valley Bank en 2023 et les droits de douane en 2025. Dans chaque cas, les craintes d’une récession ne se sont jamais vraiment matérialisées, mais la prudence a prévalu. Aujourd’hui, les sociétés se sentent plus confiantes. Certaines s’endettent même pour effectuer des acquisitions et poursuivre leur croissance stratégique. Un sentiment général de prudence persiste tout de même en ce qui concerne les emprunts. »

Sur la route

Au-dessus de la mêlée se dirige à environ 2 000 km au sud, où il fait environ 15 oC de plus pour célébrer la période des fêtes. Nous vous souhaitons à tous un joyeux temps des fêtes ainsi que santé, bonheur et prospérité pour 2026!

  • 1

    Cette citation est considérée comme une blague du Nouvel An largement diffusée, sans que son auteur soit connu.

  • 2

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon l’écart ajusté en fonction des options de l’indice Bloomberg US Corporate Bond.

  • 3

    Source : Réserve fédérale américaine, au 31 octobre 2025, selon le Senior Loan Officer Opinion Survey.

  • 4

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon l’indice du dollar américain, qui mesure la valeur du dollar américain par rapport à un panier de devises pondérées en fonction des échanges. L’indice du dollar américain a reculé de 9,6 % cette année, la majeure partie de la baisse étant survenue au premier semestre.

  • 5

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le ratio cours/bénéfice de l’indice MSCI Europe (16,7x) et de l’indice MSCI Marchés émergents (16,6x) par rapport à celui de l’indice S&P 500 (27,2x).

  • 6

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le taux d’inflation neutre des titres du Trésor américain à 3 ans. Un taux d’inflation neutre est une estimation de l’inflation future fondée sur le marché, calculée en comparant le taux d’une obligation d’État standard (nominal) au taux d’une obligation du Trésor indexée sur l’inflation (TIPS) de la même échéance.

  • 7

    Source : Bloomberg, L.P., au 30 novembre 2025, selon le ratio des dépenses en immobilisations/flux de trésorerie du secteur des technologies de l’information de l’indice S&P 500.

  • 8

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le ratio cours/bénéfice de l’indice S&P 500 (27,2x). Historiquement, le coefficient de détermination (R-carré) entre les évaluations et les rendements futurs est de 0,50 sur 10 ans et de 0,07 sur un an.

  • 9

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le pourcentage d’actions du New York Stock Exchange se négociant en deçà de leur moyenne mobile sur 200 jours.

  • 10

    Source : Bloomberg, L.P., au 11 décembre 2025, selon l’indice S&P 500, qui a clôturé à 6 901 le 11 décembre 2025 et établi un nouveau sommet historique.

  • 11

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le taux d’inflation neutre des titres du Trésor américain à 3 ans. Un taux d’inflation neutre est une estimation de l’inflation future fondée sur le marché, calculée en comparant le taux d’une obligation d’État standard (nominal) au taux d’une obligation du Trésor indexée sur l’inflation (TIPS) de la même échéance.

  • 12

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon l’indice du dollar américain, qui mesure la valeur du dollar américain par rapport à un panier de devises pondérées en fonction des échanges. L’indice du dollar américain a reculé de 9,6 % cette année, la majeure partie de la baisse étant survenue au premier semestre. 

  • 13

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le taux implicite des fonds fédéraux.

  • 14

    Source : « The Iceberg Index: Measuring Workforce Exposure in the AI Economy », 29 octobre 2025.

  • 15

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025. Les sept magnifiques désignent Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla, qui représentent actuellement 34,54 % de l’indice S&P 500.

  • 16

    Source : Bloomberg, L.P., au 14 décembre 2025, selon les rendements depuis le début de l’année d’Alphabet (64,03 %), Amazon (3,10 %), Apple (11,62 %), Meta (10,28 %), Microsoft (14,37 %), Nvidia (30,36 %) et Tesla (13,65 %) par rapport à l’indice S&P 500 (17,49 %).

  • 17

    Source : Bloomberg, L.P., au 14 décembre 2025, selon le rendement depuis le début de l’année de l’indice Bloomberg 500 excluding Magnificent 7 (16,07 %).

  • 18

    Source : PBS, « Trump says the word “affordability“ is a “con job“ by the Democrats », 2 décembre 2025.

  • 19

    Source : NPR, « Federal Reserve votes to cut interest rates for a 3rd time », 11 décembre 2025.

  • 20

    Source : Bloomberg, L.P., au 30 septembre 2025. Selon la variation en pourcentage sur 12 mois de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis, qui a atteint un sommet en août 2022. Plus récentes données disponibles.

  • 21

    Source : Bloomberg, L.P., au 30 septembre 2025, selon la progression cumulative de l’indice des prix à la consommation (IPC) des États-Unis depuis août 2022. Plus récentes données disponibles.

  • 22

    Source : US Bureau of Labor Statistics, au 30 septembre 2025, selon le salaire horaire moyen réel aux États-Unis. Plus récentes données disponibles.

  • 23

    Source : Reuters, « ChatGPT sets record for fastest-growing user base – analyst note », 2 février 2023.

  • 24

    Sources : Bloomberg, L.P. et Invesco Strategy & Insights, au 12 décembre 2025. Le bénéfice est mesuré en fonction du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA). Les centres de données à très grande échelle sont de grandes entreprises technologiques dotées de ressources infonuagiques profondes. La mention d’un titre en particulier ne se veut pas une recommandation de placement.

  • 25

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025, selon le taux implicite des fonds fédéraux.

  • 26

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 déc. 2025, selon l’écart moyen entre le taux des titres du Trésor américain à 10 ans et celui des fonds fédéraux depuis 1990.

  • 27

    Source : Bloomberg, L.P., au 16 décembre 2025. Le taux des titres du Trésor américain à 10 ans se négocie au-dessus de 4,10 % et en deçà de 4,20 % depuis le 4 décembre 2025.

  • 28

    Sources : Bloomberg, L.P. et Mortgage Bankers Association, au 16 décembre 2025, selon l’écart moyen entre le taux moyen d’un prêt hypothécaire sur 30 ans aux États-Unis et le taux des titres du Trésor américain à 10 ans depuis 1990.

  • 29

    Source : Bloomberg, L.P., au 30 novembre 2025, selon les ratios d’endettement des sociétés comprises dans l’indice Bloomberg US Corporate Bond.

  • 30

    Source : Banque de réserve fédérale d’Atlanta, selon l’indicateur GDPNow qui cherche à prévoir le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel des États-Unis avant que les estimations officielles ne soient publiées par le gouvernement.